La Dynamique pour la Cohésion Social et le Développement en RDC (DYCOD-RDC) a commémoré ce jeudi 23 février 2024 le 11ème anniversaire de l’Accord Cadre pour la Paix, la Sécurité et la Coopération pour la République démocratique du Congo et la région, connu sous le nom de l’accord-cadre d’Addis-Abeba. La commémoration a eu lieu au centre interdiocésain de la CENCO de Kinshasa.
C’est sous le thème : « défis et perspectives : pour quelles solutions courageuses et durables ? » que la DYCOD-RDC a voulu célébrer cet anniversaire.
Une commémoration qui arrive alors que la République Démocratique du Congo est attaquée dans sa partie orientale, spécifiquement dans la Province du Nord Kivu.
Lire aussi: Tensions RDC-Rwanda: la DYCOD fait un plaidoyer de « haut niveau » auprès des instances régionales et internationales
Pour les organisateurs, L’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la Région » est à l’épreuve de la résurgence du Mouvement du 23 mars.
En effet, explique Patient Bashombe, Coordonnateur national de la structure, les relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo se sont dégradées depuis que les rebelles du mouvement du M23 réfugiés au Rwanda et en Ouganda ont repris les hostilités sur le territoire congolais, dans les territoires de Nyiragongo et Rutshuru frontaliers.
Sur le terrain, rappelle-t-il, des évidences de la participation des militaires rwandais sont sans équivoque. Ces derniers temps, la tension est montée d’un cran, les coups de gueule exprimant des menaces entre le Président Congolais et le Président Rwandais font craindre une escalade de violences à grande échelle dans la région.
Malgré tous les efforts consentis tant par la communauté internationale, les Nations-Unies, les instances régionales ainsi que les autorités nationales, les voies de sortie de guerres à répétition sont loin d’être amorcées en République Démocratique du Congo, fait remarquer Patient Bashombe.
« Aux termes de l’Accord d’Addis-Abeba, la République Démocratique du Congo a souscrit à 6 engagements nationaux pour sa stabilité, pour la stabilisation et pour la paix sur l’ensemble du territoire national. Les autres partenaires aussi, ont souscrit aux engagements qui les concernaient au niveau national, régional et international. L’importance stratégique de l’Accord-cadre qui était une opportunité pour la RDC est qu’il permet sur le plan géopolitique au Président de la République de la RDC d’engager le partenariat avec toutes les parties signataires et de tenir la communauté internationale directement engagée à rester regardante dans la question de la RDC », dit-il.
Lire aussi: Attaques du M23: la DYCOD se joint aux forces vives du Sud-Kivu pour la marche de soutien aux FARDC mercredi prochain
Grâce à cet Accord, avec la mise en place de la brigade rapide d’intervention, certaines forces négatives et groupes armées ont été neutralisés et éradiqués, y compris le M23, rappelle Patient Bashombe.
En dépit des progrès réalisés dans la mise en œuvre des engagements de l’Accord-cadre, fait remarquer le Coordonnateur National de la DYCOD, le constat est que la situation sécuritaire reste toujours préoccupante à l’Est de la RDC. Les violences ont repris, les rebelles se sont accaparés de plusieurs localités, des massacres se perpétuent et les déplacements des populations civiles qui fouillent les affrontements s’accentuent.
« À cet effet, il nous semble opportun de soulever des questionnements non moins pertinents dans ce contexte de réactivisme militaire du M23 qui fut la principale cible de l’Accord-cadre. Quelle est la portée stratégique dudit Accord-cadre 11 ans après sa signature ? Pourquoi le Conseil de sécurité des Nations Unies n’affiche-t-il pas la même intransigeance face au M23 qu’il y a 11 ans ? Pourquoi, malgré les éléments probants de l’agression de la RDC par le Rwanda, tels qu’il ressort des Rapports du Groupe d’experts des Nations Unies sur la RDC, la « communauté internationale » n’exerce-t-elle pas autant de pressions sur Kigali comme ce fut le cas en 2013 ? Que devrait faire à cet effet la RDC ? Pourquoi et comment revitaliser concrètement un Accord-cadre qui n’a pas porté de résultats escomptés ? Comment les acteurs sociaux et les représentants des communautés de la RDC devraient-ils influencer et participer aux efforts de résolution de la crise actuelle entre la RDC et le Rwanda», s’interroge Bashombe.
Lire aussi: Insécurité au Sud-Kivu: la DYCOD demande aux FARDC et à la Monusco de relancer leurs interventions «sous une nouvelle approche»
Le Coordonnateur de la DYCOD s’interroge également si l’échec des efforts antérieurs est aussi imputable aux communautés et aux acteurs sociaux qui n’ont pas pu maintenir le plaidoyer régional et international pour le respect du droit à la paix en faveur des populations de l’Est de la RDC. « Comment devrait-t-elle procéder ?
Quoi qu’il en soit, reconnait Patient Bashombe, l’Accord-cadre reste un outil matériel par excellence pour bâtir une Paix durable non seulement en RDC mais aussi dans la région. « La RDC a l’obligation de mettre en œuvre ses engagements tout en poursuivant ses efforts diplomatiques et militaires en intelligence avec le Comité International de suivi ».
La RDC est sous des manifestations populaires, des actions citoyennes de rue pour fustiger les comportements de certains Etats et partenaires, pourtant parties prenantes dans la mise en œuvre de cet accord d’Addis-Abeba.
« Notre démarche consiste plutôt à mobiliser les acteurs multiples, y compris les leaders communautaires, les acteurs sociaux, ainsi que les parties prenantes autours des défis liés à la mise en œuvre de l’accord cadre ; de faire une analyse minutieuse de l’évolution de la situation sur terrain et le niveau de respect des engagements des parties prenantes vis-à-vis de l’accord cadre. Ce qui débouchera à la formulation des propositions courageuses et intelligibles qui nous permettront de mener une campagne de plaidoyer de haut niveau et envisager d’actions susceptibles de provoquer le retour d’une Paix durable, la sécurité et la stabilité en République Démocratique du Congo et la Région des Grands Lacs ».
Revoir les engagements !
Présent à ces assises, Julien Paluku, ancien Gouverneur du Nord-Kivu et actuel Ministre de l’Industrie de la RDC.
La plus grande préoccupation est de savoir pourquoi la guerre ne s’arrête pas au Nord-Kivu.
Celui-ci a donné des grandes propositions pour la révision de l’accord de manière à donner à d’autres pays des engagements pour lesquels ils doivent devenir de bons élèves. C’est par exemple l’Ouganda et le Rwanda.
Lire aussi: Attaques du M23: la DYCOD se joint aux forces vives du Sud-Kivu pour la marche de soutien aux FARDC mercredi prochain
« En effet, depuis l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka de juillet 1999 à ce jour, la RDC est à plus de 20 Accords sans ramener la paix. Nous avons passé au peigne fin 8 de 22 Accords de paix. Dossier que nous avons décrypté avec en toile de fond la réforme du secteur de sécurité comme pilier essentiel de la construction de l’Etat », dit Julien Paluku, sur son compte Twitter.
Pourtant, c’est seulement à la RDC qu’on a spécifiquement recommandé de réaliser six engagements qui n’ont rien à voir avec la région et qui restent dans les affaires internes du pays, s’inquiète l’ancien Gouverneur. C’est par exemple la décentralisation, l’économie dans le pays, etc.
Les acteurs ont soutenu qu’il y ait des sanctions contre des pays et acteurs qui violent l’accord.
Les responsabilités au niveau national et régional
Présent à ces assises, le Coordonnateur national du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (PDDRC-S) est revenu sur plus des 22 accords signés par la RDC. Il a rappelé que nous sommes à plus de 44 résolutions des Nations-Unies sur la RDC depuis 1994 alors que le pays est toujours en guerre.
L’Abbé-Professeur Jean-Bosco Bahala est revenu sur les responsabilités au niveau interne et régional.
Pour lui, tous ceux qui ont pris les armes doivent passer par le PDDRC-S, révélant que les « wazalendo » qui se battent sur terrain ne bénéficieront pas directement de la loi sur les réservistes adoptée au parlement.
Ceux-ci devront d’abord être désarmés en passant par le processus du PDDRC-S et passer par le processus normal afin d’intégrer individuellement le corps des réservistes.
Une campagne de plaidoyer
Le Coordonnateur du Mécanisme National de l’Accord-Cadre, la CIRGL, la Ministre d’Etat, Ministre du Plan ont été également représentés à l’activité. Ceci aux côtés du Kivu, de la Grande orientale, de Maïndombe, Kwamouth et quelques experts de la Société Civile sur les thématiques de sécurité, paix et la réforme du secteur de sécurité.
Tous les participants ont convenu d’organiser une campagne de plaidoyer avec les communautés dans les pays de la région des Grands-Lacs afin de parvenir à des solutions pour amener la région à la paix durable.
« Comme les communautés commencent à se lever pour exiger la paix, je pense qu’on est sur une bonne piste», conclut le Coordonnateur de la DYCOD-RDC.