La volonté du président Félix Tshisekedi de réviser ou de changer la Constitution de la République Démocratique du Congo (RDC) suscite une vive opposition. Dans une déclaration rendue publique le mardi 17 décembre 2024, les partis politiques d’opposition et mouvements sociaux du territoire de Mwenga et de la ville de Kamituga au Sud-Kivu ont exprimé leur rejet catégorique d’une telle initiative, qualifiée d’inopportune et anticonstitutionnelle.
Les opposants se disent profondément choqués par les discours tenus par le Président Tshisekedi les 9 et 16 novembre 2024 à Kisangani et Lubumbashi, dans lesquels il a affirmé sa volonté de changer la Constitution adoptée le 18 février 2006. Selon eux, les motifs avancés par le chef de l’État sont « non fondés ».
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« Après avoir suivi avec regret Félix Tshisekedi Tshilombo et ses plans nuisibles, nous déclarons avec force notre opposition à cette démarche inopportune et anticonstitutionnelle », ont-ils déclaré, ajoutant que « la Constitution actuelle n’a jamais prévu la possibilité d’un changement. Au contraire, elle impose au président l’obligation de la protéger sous peine de poursuites pour haute trahison en cas de violation. »
Dans leur déclaration, les partis de Mwenga et Kamituga rejettent l’affirmation du président selon laquelle la Constitution de 2006 serait une « œuvre étrangère ». Ils rappellent qu’elle a été conçue par des Congolais réunis à Simisimi (Kisangani).
Ils considèrent cette déclaration comme une confusion entre la Constitution actuelle et la loi fondamentale de 1960, qui avait été critiquée pour ses influences extérieures. Selon eux, cette confusion révèle soit une mauvaise compréhension historique, soit une intention délibérée de dénigrer l’actuelle Constitution.
Les opposants soulignent que la révision de la Constitution ne répond en rien aux problèmes urgents du pays. Ils estiment qu’aucune disposition constitutionnelle n’empêche le président d’améliorer les conditions sociales des Congolais en s’attaquant aux vrais défis du pays :
- La construction de routes nationales, actuellement dans un état de délabrement avancé ;
- La rémunération adéquate des militaires, enseignants et médecins ;
- La stabilisation du taux de change (dollar) ;
- La récupération de Bunagana et d’autres localités occupées par le M23 ;
- La restauration de la paix face à l’insécurité généralisée.
Bien que la Constitution autorise une révision dans des limites précises, les partis d’opposition estiment que ce projet ne constitue ni une nécessité ni une priorité pour le peuple congolais. Ils y voient une tentative de dérive dictatoriale et de centralisation du pouvoir.
« Le peuple congolais, souverain, n’a jamais prévu le changement de la Constitution. Si cette démarche venait à aboutir, elle serait considérée comme une tentative de coup d’État, exposant son auteur à des poursuites judiciaires pour haute trahison, conformément à l’article 165 de la Constitution », avertissent-ils.
Ils rappellent également que l’article 64 de la Constitution confère au peuple congolais le droit et le devoir de faire échec à tout individu ou groupe cherchant à violer l’ordre constitutionnel.
Les opposants dénoncent par ailleurs d’autres pratiques qu’ils attribuent au régime en place, notamment :
- L’exploitation illégale des minerais par des sociétés chinoises ;
- L’exclusion de certains territoires dans les budgets de l’État.
Ils appellent à la justice et à la transparence dans la gestion des affaires publiques.
Face à ce qu’ils considèrent comme un projet « macabre », les partis politiques et mouvements sociaux de Mwenga et Kamituga appellent la population à se mobiliser.
« Mobilisons-nous pour barrer la route à toute tentative de changement de notre Constitution. C’est un devoir patriotique pour chaque Congolais », conclut la déclaration.
Cette déclaration arrive après celle des partis politiques d’opposition du territoire de Fizi et la ville de Baraka, toujours au Sud-Kivu.
Suzanne Baleke