À 26 ans, Janvier Batumike Baguma, connu sous le nom d’artiste Jany Bag, s’impose peu à peu dans le paysage musical de Bukavu, au Sud-Kivu. À la fois musicien et enseignant, il s’illustre par une musique engagée, centrée sur les réalités sociales : la société, la famille, l’amour et la justice.
Décrit comme intelligent, humble et ambitieux, ce jeune talent parvient à concilier deux carrières exigeantes : celle d’artiste musicien et celle d’enseignant. Portrait.
Né en janvier 1999 à Bukavu, Jany Bag confie que la musique a toujours été une passion depuis son plus jeune âge. Inspiré par la star américaine Justin Bieber, qu’il considère comme une idole et un modèle, il a très tôt envisagé de composer ses propres morceaux.
« J’aime la musique depuis mon bas âge. J’ai envisagé d’écrire mes chansons quand j’écoutais celles de Justin Bieber, qu’il avait produites alors qu’il était encore très jeune », raconte-t-il à La Prunelle RDC.
Mais son plus grand défi fut d’obtenir l’adhésion de ses parents. Élève brillant, passionné par les langues, il craignait de les décevoir en choisissant une carrière musicale. Pourtant, ses appréhensions s’envolent après la composition de son premier morceau.
« Lorsque j’ai enregistré mon premier son et que je l’ai fait écouter à ma famille, mon père fut le premier à me défendre face aux taquineries de mes grands frères. Cela m’a beaucoup réconforté », se réjouit-il, reconnaissant envers ses parents pour leur soutien.
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Entre 2017 et 2019, Jany Bag sort de l’ombre et publie trois titres : Nyota Yangu, Yaya et Je pleure.
Trois ans plus tard, à l’approche des élections de 2023, il revient avec Biduru, une chanson dénonçant les techniques de manipulation des candidats vis-à-vis des électeurs en période de campagne électorale.
« C’était pour moi une manière d’interpeller les électeurs afin qu’ils fassent un choix idéal en cette période cruciale », explique-t-il.
L’année 2025 marque un tournant. En mai, il sort six nouvelles chansons :
- Reviens-moi
- Mea culpa
- À la guerre
- Haunijuwi
- Darling
- Amour et peine
Le 28 août 2025, il dévoile sa dernière production, Maman, une chanson hommage aux sacrifices des mères et à leur rôle essentiel dans l’épanouissement de l’humanité.
Ce titre s’articule autour de trois axes principaux :
- Louer l’amour maternel et rappeler que l’éducation d’un enfant dépend en grande partie de la mère ;
- Reconnaître les sacrifices consentis par la mère pour son enfant ;
- Appeler les enfants à prendre le relais et à accorder repos et reconnaissance à leurs mères.
Au-delà de la musique, Jany Bag est enseignant de français au Complexe scolaire Le Progrès à Bukavu. Une profession qui lui permet de couvrir les charges liées à la production musicale.
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« Pour concilier les deux, je m’assure qu’il n’y a aucune extravagance dans ma musique. C’est cela qui m’aide à tenir », affirme-t-il.
Cependant, il reconnaît être confronté à plusieurs difficultés, notamment le financement de ses productions et l’interférence entre ses deux carrières.
« J’essaie de concilier mes deux vocations. En tant qu’artiste, je suis porteur d’un message social qui s’aligne avec mon statut d’éducateur. L’enseignement m’aide à financer mes œuvres musicales », précise-t-il.
En définitive, Jany Bag adresse un message particulier aux jeunes talentueux de Bukavu qui hésitent encore à se lancer dans la musique. Il les encourage à briser la peur, élever leur voix et porter haut les valeurs sociales.
Il appelle également les jeunes artistes à réfléchir sur des stratégies innovantes pour assurer la rentabilité de leurs productions.
Suzanne Baleke