Jean-Marie Le Pen, cofondateur du Front National (FN) et figure majeure et controversée de la politique française, est décédé à l’âge de 96 ans le 7 janvier 2025 à Garches (Hauts-de-Seine), entouré de ses proches. Sa famille a annoncé sa disparition en précisant qu’il avait « été rappelé à Dieu ».
Le Pen, surnommé le « diable de la République », a marqué la politique française par ses positions radicales, notamment contre l’immigration et le multiculturalisme, qu’il considérait comme des menaces pour l’identité nationale. Sa figure divisait profondément : pour ses détracteurs, il incarne le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie ; pour ses partisans, il était un combattant audacieux contre un système politique qu’il jugeait corrompu et décadent. Il s’est illustré par ses multiples provocations, ses discours incisifs, et ses condamnations judiciaires. Malgré ses outrances, son talent oratoire et son charisme lui ont permis d’installer le FN comme une force politique majeure en France.
Né en 1928 à La Trinité-sur-Mer, en Bretagne, Jean-Marie Le Pen a connu une enfance marquée par la perte de son père, un marin pêcheur tué pendant la Seconde Guerre mondiale. Dès son adolescence, il est devenu pupille de la Nation, un événement qui a façonné son engagement politique. Sa carrière débute dans les années 1940, lorsqu’il manifeste contre les excès de certains résistants à la Libération, et se poursuit dans les années 1950 avec son engagement dans l’armée, notamment pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie. Ces expériences l’ont poussé à adopter des positions anti-gaullistes et anti-communistes, influençant profondément ses combats politiques.
En 1956, il entre à l’Assemblée nationale, où il siège sous la bannière de Pierre Poujade. Après plusieurs revers électoraux, il fonde en 1972 le Front National, parti néo-fasciste qu’il dirige pendant des décennies. Sa fortune s’est consolidée en 1976, grâce à l’héritage d’un riche partisan, Hubert Lambert, qui lui permet d’acquérir le domaine de Montretout, à Saint-Cloud, où il établit son centre de pouvoir. Le Pen mène sa politique par l’invective et la provocation, cherchant constamment à choquer l’opinion publique pour faire avancer ses idées. Cette stratégie de « diabolisation » l’a fait connaître du grand public, et, dans les années 1980, il réalise des scores électoraux de plus en plus importants.
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Sa percée électorale majeure se produit en 2002, lorsqu’il parvient à se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle, provoquant un choc à l’échelle nationale. Bien qu’il ait été largement défait par Jacques Chirac, cet événement marque un tournant dans la politique française et témoigne de l’implantation durable du Front National. Cependant, malgré cette victoire symbolique, Le Pen n’a jamais réellement semblé capable de prendre les rênes du pays. En 2011, il transmet la présidence du FN à sa fille Marine Le Pen, mais son rôle au sein du parti reste controversé. Son exclusion du FN en 2015, après une énième série de déclarations provocatrices, marque la fin de son implication directe dans la politique active.
En dépit de son retrait progressif, Jean-Marie Le Pen a continué à observer la scène politique et à nourrir ses mémoires. Son livre Fils de la Nation a connu un grand succès, et il a toujours pris soin de conserver sa place dans le débat politique, même en tant qu’observateur. Le Pen n’a jamais connu la consécration de ses idées, mais son influence, à travers son parti et sa vision, a marqué durablement l’histoire politique de la France.
Sa mort intervient alors que les héritiers de son mouvement, à travers Marine Le Pen et d’autres figures du Rassemblement National, continuent de peser sur la politique française, même si l’ancien leader n’a jamais vu son rêve de pouvoir aboutir.