Le Premier ministre de France Sébastien Lecornu a remis sa démission lundi matin à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée, a annoncé l’Élysée. Moins de 24 heures après la présentation partielle de son gouvernement, la France plonge de nouveau dans l’incertitude politique.
Le gouvernement Lecornu aura été le plus éphémère de la Ve République. Nommé le 9 septembre dernier, l’ancien ministre des Armées a démissionné lundi 6 octobre au matin, après à peine un mois de fonctions et moins d’une journée d’existence officielle pour son équipe gouvernementale. Sa démission, confirmée par un communiqué de l’Élysée, a été acceptée par le président Emmanuel Macron. Sébastien Lecornu doit s’exprimer à 10 heures 45 depuis l’hôtel de Matignon.
Un gouvernement de Sébastien Lecornu fragilisé dès sa naissance
Annoncée dimanche soir, la composition partielle du nouveau gouvernement avait immédiatement suscité une levée de boucliers. Les Républicains (LR), pourtant alliés à la majorité présidentielle, ont dénoncé une équipe « sans rupture » et « déséquilibrée ».
Bruno Retailleau, reconduit à la Justice, estimait que la nouvelle équipe « ne reflétait pas la rupture promise ». L’ex-LR Bruno Le Maire, nommé ministre des Armées, a cristallisé une partie de la colère de la droite. En tout, douze des dix-huit ministres, en plus du chef du gouvernement, faisaient déjà partie du dernier Conseil des ministres de François Bayrou avant sa chute le 8 septembre, renforçant les critiques sur l’absence de renouvellement.
Menacé de censure et confronté à la défiance
Sébastien Lecornu faisait face à la fois aux menaces de censure de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN), ainsi qu’à la défiance du parti Les Républicains. Il devait présenter sa déclaration de politique générale mardi à l’Assemblée nationale — un discours qui n’aura finalement jamais lieu.
Quelques heures après l’annonce, les réactions se sont multipliées. Le président du RN, Jordan Bardella, a appelé Emmanuel Macron à « dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale », estimant qu’« il ne peut y avoir de stabilité retrouvée sans un retour aux urnes ».
Chez Les Républicains, le maire de Cannes et vice-président du parti, David Lisnard, a exhorté le chef de l’État à « programmer sa démission pour préserver les institutions », jugeant Emmanuel Macron « premier responsable de la crise actuelle ».
Son collègue François-Xavier Bellamy a affirmé que LR n’avait « rien à redouter d’une dissolution », tout en rejetant toute responsabilité dans le blocage politique.
La gauche réclame la destitution de Macron
Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a réitéré sa demande d’un « examen immédiat » de la motion de destitution du président de la République. Cette motion, signée par 104 parlementaires issus des rangs insoumis, écologistes et communistes, avait déjà été déposée avant la démission de Lecornu. « La crise politique est désormais totale », a déclaré le député insoumis Manuel Bompard sur X.
Des voix au sein du gouvernement démissionnaire appellent à l’unité
La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a réagi sur le réseau social X en appelant à une ouverture vers la gauche.
« À ceux qui pensent encore que l’on pourrait gouverner en faisant l’économie de la gauche, je dis : vous vous trompez », a-t-elle écrit.
Elle a ajouté qu’« on ne peut pas avancer sans tendre la main à ceux qui, malgré nos différences, partagent une même exigence : celle de servir la France et les Français ».
Un séisme politique aux répercussions économiques
La démission du Premier ministre a immédiatement fait réagir les marchés financiers. Le CAC 40 a chuté de 1,73 % en matinée à la Bourse de Paris, signe de la nervosité des investisseurs face à l’instabilité politique. Un conseiller de Matignon a confirmé que les membres du gouvernement nommé dimanche soir étaient convoqués à 13 heures à Matignon, probablement pour « une explication de texte ».
Avec cette démission surprise, la France entre dans une nouvelle zone de turbulence. Les appels à une dissolution ou à une transition institutionnelle se multiplient. À peine un mois après sa nomination, Sébastien Lecornu quitte Matignon, laissant la France sans Premier ministre et sans gouvernement effectif. Emmanuel Macron doit désormais désigner un successeur capable de restaurer la confiance et de relancer un exécutif en pleine crise de légitimité.