Ce mercredi s’est 12 novembre 2025 s’est ouvert devant la Cour d’assises de Paris le procès historique de Roger Lumbala, ancien chef rebelle congolais, poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité commis en République démocratique du Congo (RDC) entre 2002 et 2003, dans le cadre de l’opération militaire dite « Effacer le tableau ».
Ce procès marque plusieurs premières : Lumbala devient le premier ressortissant congolais jugé par un tribunal national pour des crimes contre l’humanité présumés commis pendant la Deuxième guerre du Congo (1998-2003). Il fait également partie des rares anciens responsables gouvernementaux poursuivis pour de tels faits. En outre, c’est la première fois en France qu’un procès se tient sur la base de la compétence universelle pour des événements survenus en RDC, et la première fois que des crimes commis lors de la Deuxième guerre du Congo seront jugés par un tribunal national.
TRIAL International, la Clooney Foundation for Justice, Minority Rights Group et Justice Plus sont parties civiles dans cette affaire, aux côtés de 35 personnes directement concernées.
Comparution demandée de Jean-Pierre Bemba et Constant Ndima
Dans le cadre de ce procès, Roger Lumbala a demandé à ce que le vice-premier ministre et ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba, et l’ancien gouverneur militaire du Nord-Kivu, Constant Ndima, comparassent comme témoins. Cette requête a immédiatement suscité des réactions politiques en RDC.
Plusieurs voix de l’opposition congolaise ont exigé la démission de Jean-Pierre Bemba afin qu’il puisse répondre librement devant la justice française. Selon Omelonga, cadre du parti Envol de Delly Sessanga.
« Pour se présenter sereinement devant les juges, Jean-Pierre Bemba doit démissionner du Gouvernement Suminwa. Cette affaire liée à la rébellion et à l’opération Effacer le tableau a coûté la vie à des milliers de Congolais. Être ministre ne doit pas servir de refuge à ceux qui doivent des explications à la République. »
De son côté, l’opposant Seth Kikuni souligne que la demande de comparution de Bemba et Ndima constitue un test de cohérence pour le président Félix Tshisekedi, dans un contexte où le gouvernement congolais mène une campagne internationale pour la reconnaissance officielle du Génocost.
« Ce procès et cette demande constituent un test grandeur nature pour Félix Tshisekedi. Sa crédibilité intérieure comme à l’internationale est en jeu. »
Les exactions pour lesquelles Roger Lumbala est poursuivi concernent principalement les provinces de l’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu et incluent tortures, esclavage sexuel, travail forcé et autres violations graves des droits humains.
Le procès, ouvert ce mercredi 12 novembre 2025, devrait se poursuivre jusqu’en décembre de la même année, offrant à la justice française l’opportunité de juger l’un des épisodes les plus graves et les moins instruits de la Deuxième guerre du Congo.
Suzanne Baleke

