Le parti d’opposition tanzanien « Chama Cha Democrasia na Maendeleo » (CHADEMA) a rejeté la création annoncée d’une commission d’enquête sur les incidents post-électoraux par la présidente Samia Suluhu Hassan. Selon le parti, la composition de cette commission ne garantit pas son indépendance.
Dans une déclaration publique, CHADEMA dénonce que « toutes les personnes nommées sont soit des responsables gouvernementaux actuels ou anciens, soit des membres du CCM, parti au pouvoir », ce qui constitue, selon eux, « une violation directe du principe selon lequel une commission indépendante ne doit avoir aucun lien avec le gouvernement ou le parti au pouvoir ». Le parti rappelle que certains membres ont été accusés de graves violations des droits humains alors qu’ils occupaient des postes d’autorité.
Lire aussi : Tanzanie : Samia Suluhu crée une commission d’enquête sur les incidents post-électoraux
John Heche, vice-président du CHADEMA, critique ouvertement la commission.
« Ce qui est présenté comme une enquête sur des ‘violations de la paix’ est en réalité une tentative de transformer les victimes en coupables tout en blanchissant les véritables auteurs. L’intention est de renforcer la répression des voix libres et de légitimer un régime autoritaire qui ne dispose pas du consentement du peuple. »
Le parti insiste sur la mise en place d’une commission internationale véritablement indépendante, dotée des moyens, de l’autorité et de la crédibilité nécessaires pour enquêter sur les assassinats, crimes contre l’humanité et violations graves des droits humains commis sous le régime de Samia Suluhu Hassan.
« Il est impossible pour un auteur de violations de s’enquêter lui-même et d’espérer la justice », souligne CHADEMA.
L’opposition remet également en cause la légitimité de la présidente. Elle affirme que Samia Suluhu Hassan « manque de légitimité politique, juridique et morale » et que son accession à la présidence ne s’est pas déroulée selon des standards démocratiques, comme l’ont noté les observateurs de l’Union africaine et de la SADC.
Selon CHADEMA, la loi tanzanienne sur les commissions d’enquête de 2002 (Chapitre 32) confère au président un contrôle total sur la commission, ce qui empêche toute indépendance ou impartialité, surtout lorsque le gouvernement est lui-même le principal suspect.
Lire aussi : Tanzanie : Samia Suluhu Hassan nomme Mwigulu Nchemba Premier ministre
Le parti appelle les institutions internationales, dont les Nations Unies, le Conseil de sécurité, la Cour pénale internationale, ainsi que les mécanismes régionaux et les acteurs pro-démocratie, à exercer des pressions urgentes sur l’administration Samia et le CCM afin de permettre une enquête internationale indépendante.

