À seulement quelques années après son diplôme d’État, Audrey Mirindi, jeune informaticien basé à Goma, s’impose déjà comme l’un de ces talents autodidactes qui bousculent les barrières et rêvent de hisser l’innovation africaine au niveau mondial. Dans un environnement où les avancées technologiques semblent dominées par les puissances étrangères, Audrey se distingue par un parcours atypique, façonné par la curiosité, la persévérance et une détermination farouche.
Son histoire commence à Bukavu, sur les bancs de l’école secondaire « Étoile », où il étudiait l’électronique. C’est là que naît une question qui deviendra le moteur de sa vocation :
« Pourquoi ce sont seulement les occidentaux qui développent plus des choses et contribuent à l’évolution technologique, mais pas nous les Africains, les Congolais ? Ils sont plus intelligents que nous ou comment ? », se remémore-t-il.
Porté par cette interrogation, le jeune Audrey s’immerge dans les recherches scientifiques. Encore adolescent, il explore divers domaines : fabrication de pommades, de savons, de mayonnaise, de cirage… « En bref, des produits industriels », dit-il. Mais l’électronique attire davantage son esprit d’inventeur.
Malgré sa passion, les débuts sont difficiles. Les recherches en électronique se révèlent coûteuses et complexes pour un enfant de 13 ans. Puis un drame frappe son parcours : la tante qui finançait ses études décède alors qu’il n’était qu’en 2ᵉ C.O.
« J’ai commencé la 3ᵉ électronique en me supportant seul. Ce n’était pas facile, mais j’ai quand même terminé grâce à mes propres efforts et à quelques aides de personnes de bonne foi », raconte-t-il.
Ces épreuves n’entament pourtant ni sa motivation ni sa curiosité. Audrey élargit alors son horizon : programmation, robotique, et participation à des concours scientifiques. Il se fait remarquer notamment lors de « Science Jamii » organisé à l’ISP Bukavu, où il noue des contacts précieux avec des professeurs, chefs de travaux et assistants.
C’est là qu’il rencontre un chef de travaux qui l’initie au software engineering. En retour, Audrey l’initie… à la robotique. Un échange qui illustre bien la réciprocité et l’audace du jeune technologue.
Domotique, robotique, drones… un autodidacte à l’expertise multiple
Aujourd’hui, Audrey Mirindi est un Diplômé d’Etat (D6) maîtrisant une gamme impressionnante de compétences : Domotique : maisons intelligentes avec reconnaissance vocale et faciale, commandes à distance via smartphone, portes automatiques par RFID, télécommandes, détecteurs de présence…
Robotique et électronique : drones, amplificateurs, abat-jours intelligents commandés en Bluetooth ou Wi-Fi ou encore la Réparation et la fabrication d’appareils électroniques divers.
« Toutes ces compétences, je les ai développées en autodidacte, avec l’aide de gens expérimentés à qui je posais des questions. Je ne peux même pas dire exactement comment j’ai tout appris », explique-t-il, sourire en coin.
Pourtant, les obstacles restent nombreux : manque de matériel, absence de financement, ressources limitées.
« Je me force avec mes capacités personnelles pour avoir quelque chose qui me permette d’avancer », confie-t-il.
En 2021, Audrey fonde Amtech Technology (Amtech-co LLC), une entreprise qu’il rêve de voir un jour rivaliser avec les géants du secteur :
« J’ai la vision de bâtir une grande entreprise technologique d’Afrique, au même pied d’égalité que Google, Meta, Microsoft… »
Pour lui, le message aux jeunes est clair : ne jamais abandonner. Il appelle les ambitieux à rester déterminés, à ne pas se résigner face aux obstacles, et à explorer l’autodidaxie pour se former, surtout lorsque les moyens financiers manquent.

