À l’occasion du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso, le président de la Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré, a livré un message à la fois offensif, panafricaniste et profondément mobilisateur. Lors de son allocution télévisée mercredi soir, il a présenté son pays comme un « modèle » et une « vitrine » pour la sous-région, portée par ce qu’il qualifie de révolution progressiste populaire, initiée depuis son arrivée au pouvoir en 2022.
Dépoussiérant le ton habituel des célébrations nationales, le chef de l’État a placé son action dans une perspective historique et panafricaine.
« Nous sommes observés, les gens nous suivent et nous n’avons pas le choix que de réussir », a-t-il lancé, transformant la quête de souveraineté en une obligation de résultat. Selon lui, l’expérience burkinabè représente désormais un laboratoire pour ceux qui veulent rompre avec les modèles de gouvernance imposés ou hérités.
Le volet sécuritaire a occupé l’essentiel du discours. Le président Traoré a affirmé que les Forces combattantes burkinabè ont mené, depuis un an, des opérations audacieuses permettant de reprendre des zones longtemps considérées comme des bastions jihadistes.
Il évoque des victoires rapides, plusieurs localités reconquises « en un mois », et affirme que les troupes n’auraient enregistré aucune perte en vies humaines, « seulement quelques blessés légers ».
Ce récit vise à renforcer la confiance nationale et à montrer une armée en pleine montée en puissance. Le chef de l’État a d’ailleurs lancé un avertissement direct aux groupes armés : « Fuir le Burkina Faso ou mourir. » Il promet une traque sans relâche « jusqu’aux limites des frontières » et une sécurisation totale du territoire.
Ibrahim Traoré reconnaît toutefois que la lutte armée n’est qu’une étape. Le véritable défi, selon lui, sera de traduire cette révolution en progrès social : industrialisation, transformation économique, consolidation de l’unité nationale.
Le discours s’est conclu par un appel à l’union sacrée du peuple burkinabè, présenté comme indispensable pour soutenir la souveraineté retrouvée et bâtir un avenir stable.
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Alors que le Burkina Faso entame un nouveau cycle d’indépendance, le Capitaine Traoré propose une voie fondée sur la souveraineté assumée, la lutte frontale contre les groupes armés et l’ambition d’une transformation profonde.
Reste à savoir si les promesses militaires et les réformes annoncées pourront se matérialiser dans un contexte régional volatil et marqué par des défis socio-économiques persistants.
Joseph Aciza

