C’est une page historique qui se tourne, non sans controverse, pour le football africain. Samedi 20 décembre, depuis le Maroc, le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, a annoncé la fin du Championnat d’Afrique des nations (CHAN), au profit d’une profonde restructuration des compétitions continentales, inspirée des standards européens.
L’annonce a fait l’effet d’une déflagration dans le milieu du football africain. Créé pour valoriser les joueurs évoluant exclusivement dans les championnats locaux, le CHAN disparaît du calendrier officiel de la CAF. Pour de nombreux observateurs, cette décision constitue un coup dur pour le développement et le professionnalisme des ligues nationales.
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Sans cette vitrine continentale, les joueurs locaux perdent leur principal tremplin vers la reconnaissance internationale. Désormais, l’exil vers l’Europe semble devenir, plus que jamais, la voie quasi obligatoire pour accéder au haut niveau, au risque d’affaiblir davantage la compétitivité des championnats domestiques africains.
Pour justifier cette décision, Patrice Motsepe évoque la nécessité de rationaliser un calendrier jugé trop chargé et de mieux s’aligner sur les exigences de la FIFA. Dans les faits, la CAF opère deux virages stratégiques majeurs.
D’une part, la Coupe d’Afrique des nations (CAN) adopte un cycle quadriennal. Organisée tous les deux ans depuis 1957, la compétition phare du continent s’aligne désormais sur le format de l’Euro ou de la Coupe du monde. Si l’édition 2027 est maintenue, celle de 2029 est avancée à 2028, marquant le début d’un cycle tous les quatre ans (2032, 2036, etc.).
D’autre part, la CAF annonce la création d’une Ligue des Nations africaine dès 2028. Inspirée du modèle de l’UEFA, cette nouvelle compétition vise à mobiliser régulièrement les stars africaines évoluant à l’étranger lors des fenêtres internationales, avec pour objectif une meilleure rentabilité commerciale et une exposition médiatique accrue.
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Si l’instance promet une meilleure synchronisation du calendrier et un spectacle rehaussé par la présence systématique des meilleurs joueurs africains, le risque de marginaliser le football local reste réel. En sacrifiant le CHAN, la CAF semble privilégier le prestige des expatriés au détriment de l’écosystème national, qui trouvait dans cette compétition un espace de visibilité et d’espoir.
Entre ambition globale et déconnexion locale, la réforme portée par Patrice Motsepe redessine les contours d’un football africain qui, pour briller sur la scène mondiale, semble avoir fait le choix douloureux de sacrifier une partie de ses racines.

