La République centrafricaine (RCA) s’apprête à vivre, ce dimanche 28 décembre, une journée électorale décisive avec l’organisation simultanée de quatre scrutins majeurs : présidentiel, législatif, régional et municipal. Au total, 2,3 millions d’électeurs sont appelés aux urnes, dont 749 000 nouveaux inscrits, majoritairement issus de la jeunesse.
Selon l’Autorité nationale des élections (ANE), cette opération électorale d’envergure, appuyée logistiquement par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA), constitue un test crucial pour la capacité du pays à organiser un scrutin inclusif et sécurisé malgré un contexte politique tendu.
Le président sortant, Faustin-Archange Touadéra, apparaît comme le favori naturel de cette course électorale. Au pouvoir depuis 2016, il fait campagne sur la continuité, mettant en avant les progrès réalisés en matière de stabilisation sécuritaire et de restauration de l’autorité de l’État dans un pays longtemps miné par les conflits armés. Toutefois, sa candidature à un troisième mandat, rendue possible par une révision de la Constitution, suscite une vive contestation au sein de l’opposition.
Face à lui, une opposition fragmentée tente d’incarner une alternative crédible. Parmi les principaux challengers figurent Anicet-Georges Dologuélé, figure historique de l’opposition centrafricaine, ainsi qu’Henri-Marie Dondra, ancien Premier ministre et ex-allié du chef de l’État, désormais en rupture avec le pouvoir. Ce dernier mise sur sa connaissance des rouages institutionnels pour rallier les électeurs déçus.
Malgré les assurances de l’ANE sur la transparence du processus, le climat politique reste électrique. Plusieurs partis et acteurs de l’opposition dénoncent une « course d’obstacles » qu’ils jugent biaisée, évoquant des listes électorales incomplètes et une cartographie opaque des bureaux de vote. Pour certains, le boycott du scrutin s’est imposé comme un ultime moyen de protestation face à ce qu’ils qualifient de « simulacre démocratique ».
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Les premiers bulletins seront déposés dans les urnes dès 5 heures GMT. Au-delà de la désignation des futurs dirigeants, ce scrutin constitue un enjeu majeur pour la crédibilité des institutions centrafricaines et la stabilité politique du pays. Les résultats provisoires sont attendus le 5 janvier et détermineront si la RCA confirme sa trajectoire actuelle ou s’engage dans une nouvelle phase d’incertitude.

