L’Assemblée nationale du Bénin a adopté, à une majorité qualifiée des quatre cinquièmes (90 voix pour, 19 contre), une révision constitutionnelle appelée à remodeler profondément l’architecture politique du pays. À l’aube de ce samedi 15 novembre, ce vote marque l’un des tournants institutionnels les plus significatifs depuis la Conférence nationale de 1990.
La réforme, déjà au centre du débat public, repose sur deux changements majeurs : l’allongement des mandats électifs et l’instauration d’une nouvelle chambre haute, présentée comme un véritable « conseil des sages ».
C’est la modification la plus marquante : dès les prochaines élections de 2026, le mandat présidentiel sera étendu de cinq à sept ans. Le mandat des députés suivra la même logique, passant également à sept ans.
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Si la limitation stricte à deux mandats présidentiels demeure, cette extension soulève déjà des interrogations sur le contrôle démocratique et le risque d’une concentration prolongée du pouvoir. Les partisans de la réforme, eux, estiment qu’un mandat plus long permettra de mener à bien des projets de développement structurels.
Autre innovation d’envergure : la création d’un Sénat, souvent décrit par le camp présidentiel comme un organe de régulation et de stabilité politique. Cette chambre devrait compter entre 25 et 30 membres, composés à la fois de personnalités désignées et de membres de droit, avec une limite d’âge fixée à 85 ans.
Sa mission officielle est ambitieuse : « réguler la vie politique pour sauvegarder et renforcer l’unité nationale, la démocratie et la paix ».
Le Sénat ne sera pas un simple organe consultatif. Il pourra notamment demander une seconde lecture de toute loi votée par l’Assemblée nationale – un pouvoir jusqu’ici réservé au président de la République, hors lois de finances. Cette capacité de renvoyer un texte en délibération est susceptible de devenir un contrepoids institutionnel important… ou une nouvelle source de tensions entre pouvoirs.
La version finale de la réforme n’étant pas encore publiée, les milieux politiques, universitaires et les organisations de la société civile scrutent avec attention les contours précis des nouvelles prérogatives. Mais une chose est certaine : l’entrée dans l’ère du septennat et du bicaméralisme ouvre une page constitutionnelle inédite dans l’histoire contemporaine du Bénin.

