Les Forces armées béninoises (FAB) poursuivent depuis lundi 8 décembre 2025 une vaste opération pour retrouver les derniers soldats impliqués dans la tentative de coup d’État avortée durant le week-end. Si cette mutinerie a semé la panique dans la capitale économique, Cotonou, son échec rapide rappelle à la fois la fragilité de la stabilité en Afrique de l’Ouest et la capacité de l’État béninois à déjouer la menace.
L’intervention éclair lancée après l’annonce télévisée de la prise de pouvoir par un groupe de mutins a permis l’arrestation d’au moins une douzaine de comploteurs. Tous les otages — parmi lesquels figuraient des officiers supérieurs — ont été libérés sans condition, selon des sources militaires fidèles au gouvernement. En fin d’après-midi, les rues de Cotonou avaient retrouvé un calme prudent, contrastant avec la stupeur de la veille lorsque les mutins s’étaient brièvement emparés de certaines positions stratégiques.
L’adresse télévisée du président Patrice Talon, 67 ans, dimanche soir, a été décisive. Affichant une maîtrise totale de la situation, il a tenu à rassurer une population encore marquée par l’insécurité terroriste qui persiste dans le nord du pays. Cette tentative de putsch intervient à quelques mois de la fin de son second mandat, qu’il entend quitter conformément aux limites constitutionnelles — un geste devenu rare dans une région secouée par des transitions militaires forcées.
Le contexte régional est en effet préoccupant. Le Bénin est entouré au nord par le Niger et le Burkina Faso, deux États désormais dirigés par des juntes militaires, rejoignant le Mali et la Guinée dans cette dynamique inquiétante. Le mois dernier encore, la Guinée-Bissau a été le théâtre de nouvelles perturbations politico-militaires.
Dans ce paysage instable, l’échec de la mutinerie béninoise envoie un signal fort. Il met en lumière la loyauté de la chaîne de commandement militaire et la détermination du gouvernement à ne pas céder à l’effet domino des coups d’État qui secouent l’Afrique de l’Ouest. En maîtrisant rapidement l’insurrection, le Bénin préserve (du moins pour l’instant) son image de pays attaché au respect des processus électoraux et de l’ordre constitutionnel, faisant figure de contrepoids à la dérive militariste qui fragilise la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

