À Bukavu, dans le quartier Ndendere (commune d’Ibanda), des jeunes se mobilisent pour redonner vie à un ancien terrain de football situé dans l’enceinte de l’Athénée d’Ibanda. Longtemps laissé à l’abandon après avoir servi de camp pour réfugiés rwandais et burundais dans les années 1990, ce site emblématique fait aujourd’hui l’objet d’une initiative communautaire de réhabilitation.
Dimanche dernier, plusieurs dizaines de résidents, en majorité des jeunes de l’avenue Saïo 3, ont participé à un salongo, une activité communautaire de nettoyage et débroussaillage du terrain. Cette action vise à transformer l’espace délaissé en un lieu de cohésion, de sport et de protection pour la jeunesse locale.
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« Ce terrain a longtemps été notre seul lieu d’entraînement. Le voir à l’abandon faisait mal. Aujourd’hui, nous voulons le récupérer et lui redonner vie », témoigne un jeune joueur, les mains encore couvertes de terre.
Réaffecté à son propriétaire d’origine – l’établissement scolaire – le terrain a été clôturé et n’est plus utilisé à des fins humanitaires. Une réunion informelle, tenue après le salongo, a permis d’aborder la situation foncière du site. Selon les participants, un locataire présumé se serait montré conciliant à l’idée de réhabiliter l’espace, un signe encourageant dans un contexte local souvent marqué par des conflits fonciers.
Monsieur Éric Murhabazi, chef de l’avenue Saïo, appelle à la vigilance :
« Le maire nous a demandé de signaler toute tentative suspecte de mesurage sur ce terrain. C’est un bien public. Il doit servir l’intérêt général, en particulier celui des jeunes. »
Au-delà de la restauration d’une infrastructure, les habitants y voient un rempart contre l’oisiveté, l’alcoolisme et la délinquance qui gagnent du terrain chez les jeunes, faute d’espaces sécurisés.
« Beaucoup ont abandonné le sport, faute d’infrastructures. D’autres se sont perdus dans la rue », déplore un habitant du quartier.
Dans un environnement fragilisé par le déplacement des populations, la pauvreté et le manque d’opportunités, la renaissance du terrain de Ndendere est perçue comme un acte fort. Il s’agit non seulement de redonner vie à un lieu symbolique, mais aussi d’envoyer un message : celui d’une jeunesse prête à se prendre en main pour bâtir un avenir meilleur.
Article produit dans le cadre du projet « Habari za Mahali », une initiative du consortium RATECO et REMEL, avec le soutien de Media4Dialogue de La Benevolencija.