L’Eglise Néo-Apostolique de Bukavu n’appartient plus à ses fidèles. Son bâtiment est désormais la propriété privée d’un particulier. Ainsi en a décidé la Justice de Bukavu le 2 août 2023 dernier. Cette décision qui est le prolongement des décisions « scandaleuses » de justice tel que dénoncé par la Société Civile du Sud-Kivu n’étonne finalement personne dans une province habituée à vivre la consécration de la spoliation des bâtiments publics et des particuliers par des magistrats et gouvernants.
L’alerte vient de l’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH) ce lundi 18 septembre 2023. Le bâtiment de l’Eglise Centrale Néo-Apostolique de Bukavu a été attribué à un particulier sur décision de la justice. L’organisation basée à Lubumbashi dans le Haut-Katanga se dit « préoccupée par une consécration du monnayage des décisions judiciaires ».
Lire aussi: Sud-Kivu : clôture des journées des choristes Néo-Apostolique à Bukavu
« L’extorsion du bâtiment de l’Eglise Néo Apostolique de Bukavu illustre une justice sous l’emprise maffieuse décriée par le Président de la République», dit l’organisation.
En effet, les chercheurs de L’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH) sont alertés par la décision du Tribunal de Grande Instance de Bukavu du 02 août 2023, ordonnant le déguerpissement de l’Eglise Néo Apostolique de son bâtiment situé au No 252, Avenue Lumumba, commune Ibanda, à Bukavu.
Les chercheurs estiment « scandaleuse » cette décision frisant une « extorsion maffieuse », du simple fait que le Juge s’est « délibérément fondé » sur le Certificat d’Enregistrement vol F. 78 Folio 65 du 18 Février 1983, déjà déclaré faux, par le Tribunal de Grande Instance de Kalamu (Kinshasa), sous RPA 1543).
« Comment des magistrats de carrière peuvent motiver leur décision, en se fondant exclusivement sur un faux Certificat d’Enregistrement, frappé de nullité par un jugement définitif d’une autre juridiction de l’Ordre judiciaire de la même République » ? s’exclame-t-on à l’IRDH.
L’organisation rappelle qu’il revient des fidèles de l’Eglise Néo Apostolique de Bukavu qu’ils jouissent paisiblement de ladite parcelle, depuis le 15 Février 1999, date de son achat.
« L’église avait d’abord obtenu le Certificat d’Enregistrement FB 109 FOLIO 127. Ensuite, celui-ci fut converti en FB 1.229 Folio 180 par le conservateur des titres immobiliers de Bukavu 1. Pour l’IRDH, l’église ne peut être dépossédée de sa propriété au bénéfice d’un détenteur d’un faux certificat d’enregistrement. Telle décision est une forme d’extorsion voilée en manigance judiciaire. Une expression d’insécurité judiciaire récurrente défiant tous les discours du Président de la République, Tshisekedi Tshilombo Félix-Antoine sur « la Justice élève une nation ».
De ce fait, IRDH recommande au Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) de sanctionner sévèrement les magistrats auteurs « de ladite aberrante décision judiciaire » et à la Cour d’Appel du lieu de s’en distancer, afin de rétablir légitimement l’église Néo-Apostolique dans ses droits.
Des magistrats comme architectes des spoliations des biens au Sud-Kivu
Au Sud-Kivu, les décisions judiciaires autour des maisons et biens de l’Etat et des particuliers sont de plus en plus controversées et insolites. Cette décision autour de l’Eglise Néo-Apostolique est un exemple qui va encore une fois cristalliser les débats autour des décisions des juges.
La Société Civile du Sud-Kivu a, par exemple, listé des magistrats véreux comme faisant partie d’un vaste réseau de spoliateurs des biens de l’Etat. Pourtant, les privés ne sont pas épargnés dans cette quête à l’argent et les parcelles (qui coûtent très chères à Bukavu).
« Certains magistrats bien connus se sont transformés en avocats des spoliateurs. Certains sont à Kinshasa à la Cour et Parquet de Cassation et donnent des injonctions à leurs collègues se trouvant ici à Bukavu. Nous nous demandons pourquoi l’Etat congolais ne gagne jamais de procès contre ces spoliateurs qui viennent avec des jugements cousus de toutes pièces pendant qu’il a des magistrats et avocats payés et logés par lui-même? », s’interrogeait Adrien Zawadi, Président de la Société Civile du Sud-Kivu au cours d’une Conférence de Presse à Bukavu, le 7 septembre dernier.
La Société Civile du Sud-Kivu se questionnait en effet sur le fondement de ces jugements qui dépouillent surtout l’Etat de ses propres biens. « Sont-ils dignes de foi? ».
« Pourquoi ces magistrats sont-ils devenus des protecteurs des spoliateurs au détriment de l’Etat jusqu’à autoriser souvent de déloger, humilier et ridiculiser l’Etat en déguerpissant de manière honteuse et inhumaine ses fonctionnaires y compris leurs propres collègues? ».
Lire aussi: Probable expulsion de l’apôtre Deppner : l’Eglise Néo-Apostolique parle de « fausses » informations
La Société Civile du Sud-Kivu a soutenu les mutations annoncées par le Conseil Supérieur de la Magistrature en ce qui concerne certains magistrats qui se considéraient déjà comme des « Chefs coutumiers » au Sud-Kivu.
« Il y en a qui devraient être radiés et certains ne méritent pas l’éméritat pendant leur retraite pour les violations des droits humains dont ils se seraient rendus coupables« , a dit le Président de la Société Civile du Sud-Kivu.