Dans l’Est de la République démocratique du Congo, une catastrophe humanitaire silencieuse continue de fragiliser des millions de vies. À la conférence internationale de Paris sur la paix et la prospérité dans la région des Grands Lacs, le Docteur Joseph Kakisingi, gynécologue basé à Bukavu, a lancé un appel bouleversant à la communauté internationale.
« La priorité aujourd’hui, c’est que ces populations accèdent à la nourriture, aux soins médicaux et qu’elles disposent de zones sûres où se réfugier », a plaidé le médecin.
Depuis la conquête de Goma et Bukavu par l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) et le Mouvement du 23 Mars (M23), les infrastructures vitales sont en ruine. Routes impraticables, aéroports fermés, banques paralysées, frontières interdites : tout un système économique et humanitaire s’est effondré.
Les camps de déplacés, jadis refuges précaires mais indispensables, ont été démantelés, abandonnant des milliers de familles à l’errance et à la faim.
« Dans nos hôpitaux, le système de santé est à genoux », explique le Dr Kakisingi.
« Nous assistons à des morts évitables : des femmes meurent après l’accouchement, faute d’ocytocine, des enfants succombent faute de traitement », poursuit-il, la voix chargée d’émotion.
Lire aussi: ONU : Emmanuel Macron annonce une conférence internationale sur la situation humanitaire dans la région des Grands Lacs
Le médecin pointe également les multiples obstacles administratifs et les doubles taxations imposées à la fois par les autorités locales et les groupes armés, qui paralysent la livraison de l’aide humanitaire.
« Aucun corridor sécurisé n’a pu être mis en place, malgré les appels répétés », déplore-t-il.
Alors que les besoins humanitaires sont estimés à 2,5 milliards de dollars, à peine 500 millions ont été débloqués par la communauté internationale.
« Le monde détourne le regard alors que des millions de Congolais survivent dans le silence », regrette-t-il.
À travers son appel, le Dr Joseph Kakisingi rappelle que derrière les enjeux géopolitiques, ce sont avant tout des vies humaines qui se brisent chaque jour : celles de femmes, d’enfants, de familles entières prises au piège de la guerre.
Pour une paix durable dans la région des Grands Lacs, il exhorte les décideurs à agir sans délai, en ouvrant des voies humanitaires sécurisées et en renforçant l’appui international aux acteurs locaux de la santé et de la solidarité.
« Ce n’est pas seulement une question de paix politique, mais de survie humaine », conclut-il.

