Le Président de la République Démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a salué la tenue de la conférence internationale sur la paix dans la région des Grands Lacs, organisée à Paris sous l’égide du Président français Emmanuel Macron. Dans son allocution, le Chef de l’État congolais a mis en avant une triple urgence : humanitaire, sécuritaire et celle d’une paix durable.
« Ma participation à cette conférence répond à une triple urgence : l’urgence humanitaire, l’urgence sécuritaire et, plus encore, l’urgence de la paix », a déclaré Félix Tshisekedi.
Le Président a estimé que la responsabilité des dirigeants devait aller au-delà de l’immédiat, pour jeter les bases d’une stabilité durable reposant sur trois piliers indissociables : la protection des populations civiles, la recherche d’une paix juste et l’intégration économique régionale, moteur d’une prospérité partagée « dans un environnement apaisé, sans affrontements ».
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Le discours du Président Tshisekedi s’est articulé autour de trois demandes majeures et de trois engagements concrets :
- Accès humanitaire immédiat et sécurisé : il a proposé la mise en place d’un corridor aérien strictement encadré, destiné au transport des médicaments, des denrées essentielles et à la rotation du personnel humanitaire, y compris vers les zones actuellement occupées.
- Financement massif, rapide et traçable : le Président a plaidé pour un appui international d’urgence, proportionnel à l’ampleur des besoins sur le terrain.
- Alignement politique international : il a exhorté chaque État, partenaire et organisation régionale ou internationale à soutenir l’application effective de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui exige le retrait immédiat et inconditionnel du mouvement armé AFC-M23 des zones occupées.
Félix Tshisekedi a rappelé que la RDC saigne depuis plus de trente ans d’une plaie jamais refermée.
« Ce n’est pas une crise passagère, mais une tragédie qui a déplacé des millions de femmes, d’hommes et d’enfants, et détruit des vies entières », a-t-il déploré.
Le Chef de l’État a souligné la dégradation continue des infrastructures, l’insuffisance des financements humanitaires et la recrudescence des maladies, qui aggravent la situation déjà critique dans les provinces du Nord et Sud-Kivu.
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Il a cité plusieurs priorités : la protection des civils, la prise en charge psychosociale, l’accès aux soins, la continuité éducative, la sécurité humanitaire, ainsi que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Les chiffres sont alarmants :
« En 2024, 26 millions de personnes en RDC vivaient dans une insécurité alimentaire aiguë, et près d’un enfant sur deux de moins de cinq ans souffrait de malnutrition chronique », a rappelé le Président.
Il a ajouté qu’à la 45e semaine épidémiologique de 2024, 445 zones de santé sur 519 avaient rapporté des cas de choléra ou de Mpox, des statistiques qui, selon lui, « traduisent des souffrances humaines et non de simples chiffres ».
Revenant sur la crise sécuritaire à l’Est, Félix Tshisekedi a pointé la responsabilité du groupe armé AFC-M23, soutenu sur le plan logistique, financier et opérationnel par le Rwanda, en violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC.
« Cette réalité est documentée et reconnue par la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui exige le retrait immédiat et inconditionnel de l’AFC-M23, ainsi que celui de la force rwandaise du territoire congolais », a-t-il martelé.
« Ne détournez pas le regard » : un message fort
Enfin, le Président Tshisekedi a livré un appel empreint d’humanité :
« Ne détournez pas le regard. Derrière chaque statistique, il y a un enfant qui dort sous une bâche, une mère qui a fui avec pour seule richesse la main de son enfant. Nous demandons la paix durable, la justice. »

