Amnesty International est sortie de son silence pour dénoncer le sort des civils gazaouis confrontés aux intempéries hivernales. Pour l’organisation de défense des droits humains, les inondations qui frappent actuellement la bande de Gaza ne relèvent pas d’une simple catastrophe naturelle, mais constituent le résultat direct d’une stratégie politique visant à maintenir la population dans une précarité extrême, en violation flagrante du droit international.
Dans un communiqué sans équivoque publié ce mercredi 17 décembre 2025, l’ONG dresse un constat alarmant. Les scènes de désolation observées dans l’enclave palestinienne sont, selon elle, des « conséquences prévisibles » d’un siège prolongé et étouffant. Erika Guevara Rosas, directrice de la recherche pour Amnesty International, affirme que la mort de civils réfugiés sous des tentes inondées ou ensevelis sous des bâtiments effondrés aurait pu être évitée si Israël n’avait pas entravé l’entrée de matériaux de réparation et d’abris de fortune.
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En limitant drastiquement l’acheminement de l’aide humanitaire, les autorités israéliennes sont accusées d’imposer délibérément des conditions de vie incompatibles avec la survie de la population civile. Amnesty estime que ces pratiques pourraient entrer dans le champ d’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, en ce qu’elles visent la destruction physique, totale ou partielle, d’un groupe protégé.
Le drame vécu par la famille Nassar illustre, selon l’organisation, l’absurdité et la cruauté de la situation. Deux adolescents ont péri dans l’effondrement de leur maison à Sheikh Radwan, après avoir survécu à près de deux années de bombardements, pour finalement mourir sous le poids des pluies hivernales.
Malgré le cessez-le-feu théoriquement en vigueur depuis octobre dernier, le climat sécuritaire demeure extrêmement fragile. Amnesty rapporte que près de 400 personnes auraient encore perdu la vie depuis l’annonce officielle de l’arrêt des combats, en raison de violences persistantes et de frappes sporadiques.
Parallèlement, la pression judiciaire internationale s’accentue sur le gouvernement israélien. La Cour pénale internationale a récemment confirmé la poursuite de ses enquêtes pour crimes contre l’humanité, rejetant les derniers recours introduits par l’État israélien pour faire obstacle aux procédures en cours.
Alors que le froid s’installe sur Gaza, le message d’Amnesty International résonne comme un réquisitoire contre l’indifférence internationale. Pour l’ONG, la question n’est désormais plus de savoir si la bande de Gaza peut survivre à l’hiver, mais si le droit international saura s’imposer avant que la boue, le froid et l’abandon n’engloutissent les derniers espoirs de dignité des rescapés.

