Près de quatre mois après la signature de l’accord de paix du 27 juin 2025 entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, sous la médiation des États-Unis, l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) dénonce l’inefficacité de cet engagement et l’absence de résultats tangibles sur le terrain.
Dans un communiqué daté du 6 octobre 2025 et consulté par La Prunelle RDC, l’ODEP estime que les promesses de paix, de stabilité et de coopération régionale « n’ont produit aucun effet dans l’Est du pays », où la situation sécuritaire s’est, au contraire, sensiblement dégradée.
« La paix n’est pas l’absence de guerre, mais la vertu de la justice », rappelle l’organisation, citant Aristote, avant de constater que cette vertu reste encore trop fragile dans la région.
Selon l’ODEP, l’accord de Washington n’a fait que reconfigurer dangereusement les rapports de force dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, sans freiner les affrontements ni les tensions.
Les groupes armés, notamment le M23, auraient même consolidé leurs positions, allant jusqu’à imposer des “visas” d’accès dans certaines zones qu’ils contrôlent — une mesure qui restreint la circulation des civils, des journalistes et des humanitaires.
« La sécurité de l’État est le fondement de la liberté de ses citoyens », cite l’organisation en évoquant Thomas Hobbes, appelant à la restauration de l’autorité étatique pour protéger la population et garantir la stabilité nationale.
Pour l’ODEP, cette évolution s’apparente à une occupation progressive du territoire et à une balkanisation de fait, une menace qu’elle dit vouloir anticiper, dénoncer et combattre avec la dernière énergie.
L’organisation estime que cet accord est déconnecté des intérêts du peuple congolais et inadapté à la complexité des dynamiques locales, soulignant qu’il procède d’une imposition extérieure plutôt que d’une démarche souveraine. Ce processus, ajoute-t-elle, a renforcé un sentiment d’humiliation nationale et de dépossession de la souveraineté congolaise.
En citant Nelson Mandela — « La liberté ne peut être donnée par autrui, elle doit être conquise par les peuples eux-mêmes » —, l’ODEP insiste que la paix véritable ne peut être imposée de l’extérieur, mais doit naître de la volonté et de la dignité du peuple congolais.
Face à ce constat, l’ODEP réaffirme que la paix durable en RDC ne viendra ni de Washington, ni de Kigali, mais d’un dialogue sincère, inclusif et patriotique, initié à la base avec la participation active de toutes les composantes de la nation.
L’organisation formule trois principales recommandations :
- La convocation urgente d’un dialogue intercongolais inclusif et populaire, réunissant la population, le gouvernement, le parlement, les partis politiques, la société civile, les chefferies coutumières et les confessions religieuses ;
- La réévaluation complète de l’accord du 27 juin 2025, sous la supervision du parlement et avec la participation des forces vives de la nation ;
- La mobilisation citoyenne pacifique pour défendre la souveraineté, l’unité et la dignité du peuple congolais.
« La paix ne peut se construire ni dans le silence des Congolais, ni dans l’ombre des puissances étrangères. Elle naîtra du courage collectif du peuple, de sa détermination à restaurer l’État et à reconquérir pleinement sa souveraineté », conclut l’ODEP.
Séraphin Mapenzi