L’écriture braille n’est pas qu’un outil de communication pour les personnes non voyantes et malvoyantes. C’est un véritable tremplin vers l’autonomie, l’entrepreneuriat et l’inclusion sociale. À Bukavu, cette vérité a été célébrée avec éclat le 4 janvier, lors de la Journée mondiale de l’écriture braille, organisée par la Synergie des Associations des Aveugles pour le Développement Intégral (SAADI), en partenariat avec La Prunelle RDC asbl et le Collectif 2250.
Christine Riziki, une femme non voyante et directrice de l’entreprise Kivu Braille, est l’un des visages inspirants de cette journée.
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« L’écriture braille est bien plus qu’un simple outil pour nous. Grâce à elle, nous avons créé une école, « Kivu Braille », qui aide les personnes vivant avec un handicap visuel à surmonter les barrières de communication », confie-t-elle, fière de son parcours.
Mais Christine n’a pas toujours vu sa vie sous cet angle. Ancienne voyante, elle a perdu la vue à cause d’une maladie. Passant de l’écriture normale au braille durant ses études, elle a décroché son diplôme en pédagogie générale avant de se lancer dans le journalisme. Cependant, malgré sa formation, toutes ses demandes d’emploi ont échoué.
« Pendant trois mois, je n’ai reçu aucune réponse. J’étais désespérée », raconte-t-elle.
Plutôt que de céder à l’amertume, elle a décidé de transformer son expérience en force. Avec le soutien de partenaires, elle a fondé “Kivu Braille » pour offrir des formations en écriture braille et en perlage, bien que cette dernière activité attire plus l’intérêt des partenaires, un fait qu’elle regrette.
Une leçon de résilience et d’entraide
L’histoire de Lwambo Kasongo, un cinquantenaire non voyant, résonne tout autant. Entrepreneur et artisan, il fabrique des savons, des stylos sculptés et des savons liquides pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais c’est son rôle d’enseignant qui a marqué les esprits.
Un jour, dans une pharmacie, il surprend le pharmacien en identifiant un médicament grâce au braille.
« Il était fasciné et voulait apprendre. J’ai réfléchi, puis accepté de l’enseigner jusqu’à ce qu’il sache lire le braille. C’était une grande fierté », raconte-t-il, ému.
Le braille, un outil pour la création et l’éducation
Pour Chance Bulangalire, chanteuse gospel non voyante, le braille est au cœur de sa créativité.
« Grâce au braille, je compose mes chansons qui inspirent et réjouissent les populations de Bukavu et de la RDC », explique-t-elle. Elle appelle à son intégration dans le système éducatif pour permettre à tous, voyants et non-voyants, de profiter des mêmes opportunités.
Une journée porteuse d’espoir
La célébration, organisée dans la salle de conférence de JPDDH et ETJ à Bukavu, a mis en avant l’importance de l’écriture braille dans tous les aspects de la vie publique. Le thème choisi par le Consortium, « L’écriture braille, un levier pour la participation active des femmes et des jeunes dans les processus politiques et de paix », souligne l’urgence d’inclure les personnes vivant avec un handicap visuel dans la gouvernance et la cohésion sociale.
De Bukavu à travers toute la RDC, cette journée a rappelé une vérité fondamentale : le braille est bien plus qu’un alphabet. C’est une clé pour ouvrir des portes longtemps fermées et une lumière pour guider ceux qui refusent de rester dans l’ombre.
Suzanne Baleke