Les victimes des massacres commis dans la province du Sud-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), ont lancé un cri d’alarme, appelant les autorités à agir pour que les responsables de ces atrocités répondent de leurs actes. Elles réclament également une aide concrète, notamment en matière de logement. Parmi ces victimes figurent Ntakwinja M’Bisimwa, une victime directe, et Claude Dunia, une victime indirecte, tous deux affectés par des violences qui remontent à plusieurs années.
Leurs témoignages ont été recueillis lors de l’émission « Chronique de la Justice Transitionnelle », organisée par le Réseau des Journalistes pour la Justice Transitionnelle à Bukavu, avec le soutien d’Impunity Watch. Cet événement a été un espace pour ces victimes de faire entendre leur souffrance et leurs espoirs.
Claude Dunia : Un père brisé mais plein d’espoir
Claude Dunia, père de huit enfants et résident à l’EDAP/ISP Avenue Muhungu, dans la commune d’Ibanda à Bukavu, est une victime indirecte des massacres. Il raconte comment, il y a plus de vingt ans, il a perdu son beau-frère et une dizaine d’autres proches, dans des circonstances dramatiques. Son beau-frère, venu d’une province voisine pour poursuivre ses études à Bukavu, a été tué par des hommes armés.
« Ce n’est pas facile », confie Claude. « Nous, les victimes indirectes, nous avons du mal à faire comprendre cette tragédie à nos familles. Malgré les années passées, certains, restés au village, continuent de souffrir, et je peine à subvenir à leurs besoins ».
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Cependant, il a trouvé un peu d’espoir et de soulagement dans les ateliers et réunions organisés par des associations telles que la Fondation Panzi. Ces espaces de dialogue sur la justice transitionnelle lui ont permis de voir un avenir où justice serait rendue, tant sur le plan psychologique, financier que matériel. Claude se projette avec espoir dans l’avenir, et attend que les recommandations issues de ces ateliers conduisent à une véritable réconciliation.
Ntakwinja M’Bisimwa : Une douleur inextinguible
Ntakwinja M’Bisimwa, une victime directe de ces violences, habite aujourd’hui à Maria Kacelewa, dans la commune d’Ibanda. Elle revient sur le calvaire qu’elle a vécu à Kanyola, où son mari a été tué sous ses yeux, en pleine nuit, par des hommes armés. Le traumatisme est profond. « C’est comme remuer le couteau dans la plaie », confie-t-elle, en expliquant que ses enfants, traumatisés, refusent de retourner à Kanyola.
Ntakwinja raconte que, ce jour-là, les assaillants, au nombre de cinq, sont entrés dans leur maison, l’ont tirée du lit et l’ont conduite au salon, où ils ont abattu son mari sous ses yeux. Les bourreaux lui ordonnent de ne pas crier sous peine de la tuer elle aussi. Puis, ils l’ont emmenée dans une forêt, où elle a passé trois mois dans des conditions de détention atroces. Après une évasion spectaculaire avec d’autres femmes, traversant la rivière Nindja, elle a été transférée à Bukavu avec ses cinq enfants, mais reste sans domicile. « Nous n’avons plus de maison. Nous nous contentons de nous déplacer d’un endroit à l’autre », dit-elle, la voix tremblante.
Des victimes sans toit ni soutien
Les témoignages de Claude et Ntakwinja révèlent l’ampleur de la souffrance vécue par les victimes de ces violences, qui sont souvent laissées à elles-mêmes, sans soutien institutionnel ou communautaire adéquat. Ntakwinja, dans un appel désespéré, réclame un logement pour ses enfants, afin de leur offrir une vie digne et stable, loin du trauma constant.
« Nous avons besoin d’un toit pour vivre dans la dignité », insiste-t-elle. Grâce à des échanges avec des organisations comme FONAREV, ces victimes espèrent un changement pour l’année 2025, un horizon de paix et de justice où elles pourraient enfin trouver un peu de sérénité.
Vers une justice transitionnelle : l’espoir d’une réparation
Les victimes, en participant à des ateliers de justice transitionnelle, commencent à entrevoir une forme de réparation et de justice. Ces réunions permettent aux survivants des massacres de partager leurs douleurs et leurs attentes, mais aussi de formuler des recommandations pour l’avenir. Les victimes espèrent ainsi qu’en 2025, des mesures concrètes seront prises pour les soutenir et pour que ceux qui ont commis ces crimes répondent de leurs actes.
« Nous voulons que les coupables soient jugés et que les autorités nous apportent un soutien concret », conclut Claude, un homme brisé mais toujours résolu à espérer un jour une justice réparatrice.
Les victimes, malgré les années de souffrance et de marginalisation, continuent de se battre pour leurs droits et pour un avenir plus juste et apaisé, dans l’espoir d’une véritable justice transitionnelle qui pourrait soulager leurs peines.
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