À l’occasion de la Journée mondiale de l’information sur le développement, célébrée chaque 24 octobre, Justin Kashara, un acteur impliqué dans la Coopération aborde la question de l’information au service du développement et souligne l’importance d’une communication stratégique pour une réelle transformation sociale et économique, en particulier dans des pays comme la République Démocratique du Congo.
Pour Kashara, le développement est un concept complexe, aux multiples facettes et souvent mal compris.
Loin d’être un processus linéaire, il dépend des contextes, des acteurs et des approches. Et c’est précisément là qu’intervient l’information.
« Informer, c’est permettre aux citoyens et aux communautés de comprendre les défis auxquels ils sont confrontés, notamment dans les secteurs des infrastructures et de l’indice de développement humain. Cela permet de prendre conscience des influences multiples qui façonnent ces défis », explique-t-il.
La Journée mondiale de l’information sur le développement a pour objectif de sensibiliser la communauté internationale à la résolution des problèmes de développement.
Justin Kashara rappelle que cette journée s’inscrit dans le cadre d’une coopération multilatérale, où les acteurs clés, tels que l’ONU et l’Union Européenne, jouent un rôle majeur. Cependant, il dénonce une inégalité structurelle dans la mise en œuvre des engagements de cette coopération.
« Les pays du Sud, comme la RDC, ont des difficultés à influencer les décisions mondiales en raison de leur faible position géopolitique et économique. En conséquence, les mécanismes de coopération sont souvent imposés sans véritable concertation avec les populations locales », critique-t-il. « La RDC reste en retrait, incapable d’exercer un réel pouvoir diplomatique, ce qui l’empêche de défendre efficacement ses intérêts ».
Pour lui, il est primordial que la RDC prenne conscience de son rôle stratégique au cœur de la géopolitique mondiale.
« Aucun pays ne peut ignorer l’importance de la RDC dans ses projets de développement. Nous devons nous affirmer, comprendre nos atouts et utiliser notre position géo-économique pour défendre nos intérêts ».
Dans cette interview, Justin Kashara met également en lumière l’importance d’une participation véritablement démocratique et citoyenne.
« Les acteurs clés du développement sont avant tout la population et les organisations de la société civile », insiste-t-il. Selon lui, la mise en œuvre de résolutions comme la 2250, qui promeut la participation des jeunes dans le processus décisionnel, est essentielle pour garantir une approche inclusive.
Toutefois, il souligne que ces résolutions ne doivent pas se limiter à de simples déclarations.
« Les jeunes doivent être impliqués non seulement dans l’élaboration des politiques, mais aussi dans l’exécution des projets qui les concernent. Il ne suffit pas de les consulter, il faut leur donner les moyens d’agir », affirme-t-il avec conviction.
Justin Kashara critique également la manière dont les mécanismes de coopération sont souvent perçus et appliqués dans les pays du Sud.
Il déplore que la coopération soit trop souvent synonyme de rapports de force inégaux, où les pays riches imposent leurs modèles de développement.
« La coopération, ce n’est pas imposer des mécanismes fondés sur les sanctions ou la pression. Il s’agit de partenariats gagnant-gagnant, où toutes les parties prenantes bénéficient du processus », soutient-il.
Le manque de compréhension des réalités locales et l’absence de diplomates de carrière dans des pays comme la RDC aggravent cette situation, selon lui.
« Les nominations familiales et la gestion politique de la diplomatie sont des freins à une coopération véritablement efficace et respectueuse des intérêts nationaux ».
À propos du Sud-Kivu, une province de la RDC riche en ressources naturelles, Kashara met en avant le rôle de son Gouverneur, dont l’expérience au sein des Nations Unies pourrait constituer un atout précieux pour surmonter les défis de la province.
Cependant, il insiste sur un point crucial : le Sud-Kivu doit être acteur de son propre développement et ne pas se laisser imposer des solutions de l’extérieur.
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« Les acteurs du Sud-Kivu ne doivent pas se laisser intimider par les ONG internationales qui viennent avec leurs modèles de développement. Ils doivent revendiquer leur place dans les processus de décision et imposer leurs propres priorités », souligne-t-il.
Pour lui, la clé réside dans l’autonomisation des communautés locales et dans la définition de stratégies de développement durable adaptées aux réalités spécifiques de la région.
En clair, pour Justin Kashara, le temps est venu de dépasser les mécanismes imposés pour construire un modèle de développement basé sur la coopération, le respect mutuel et une véritable compréhension des enjeux locaux.