Dans un communiqué de presse rendu public ce mardi 7 janvier, la Coordination Provinciale de la Société Civile Forces Vives du Nord-Kivu exprime une vive inquiétude quant à l’évolution de la situation sécuritaire dans la région, mettant en lumière l’aggravation de l’agression menée par le groupe M23 en collaboration avec les Forces Rwandaise (RDF) et les milices AFC. Selon la coordination, la prise du chef-lieu du Territoire de Masisi par les insurgés le 4 janvier 2025 marque un tournant inquiétant, accentuant la menace d’une expansion du groupe vers de nouvelles régions stratégiques, telles que le Territoire de Walikale, riche en ressources naturelles.
Dans son communiqué, la Société Civile Forces Vives du Nord-Kivu critique sévèrement la réponse du Gouvernement Congolais et de la Communauté Internationale face à la situation.
Selon la Société Civile du Nord-Kivu, la poursuite de l’expansion du M23-RDF-AFC, sans réaction significative de la part des Nations Unies, des États-Unis, de l’Union Européenne et de l’Union Africaine, soulève des doutes sur la sincérité de ces institutions dans leur engagement à résoudre la crise.
La Coordination dénonce également une complaisance inquiétante, soulignant que les discussions autour de la paix, notamment les pourparlers de Luanda facilitée par le Président Joao Lourenço, n’ont donné lieu à aucune sanction contre le Rwanda, malgré sa décision d’entraver le processus.
« La Coordination Provinciale de la Société Civile Forces Vives du Nord-Kivu peine à comprendre comment les Nations Unies, les Etats Unis, l’Union Européenne et l’Union Africaine restent observateurs hypocrites et amorphes devant la décision des autorités Rwandaises de saboter le processus de paix de Luanda sous la facilitation du Président Joao Lorenzo mais sans aucune sanction ».
L’incompréhension de la Société Civile face à l’inaction des autorités congolaises est manifeste. Alors que des appels répétés ont été lancés pour la réorganisation du système de défense et de sécurité, la Coordination déplore un manque de progrès dans ce domaine, ce qui expose la population à des crimes de guerre quotidiens.
Le M23, qui a refait surface en 2021 dans la région de Runyoni, semble aujourd’hui plus fort que jamais, occupant désormais des territoires plus vastes que le Rwanda, et continuant sa marche vers d’autres objectifs stratégiques, notamment le contrôle des ressources minières.
« Par ailleurs, il est inacceptable que les Gouvernants de la République Démocratique du Congo pourtant prévenues à maintes reprises par la Société Civile qu’elles ne devraient pas se laisser distraire par des pourparlers où l’hypocrisie est conçue comme mode de travail mais plus de se concentrer résolument à la réorganisation technique et tactique du système de défense et de sécurité mais sans succès »
Un questionnement sur la stratégie du Gouvernement
Deux grandes questions émergent selon la Société Civile Forces Vives du Nord-Kivu : les autorités congolaises seraient-elles en train de préparer la population à une éventuelle concession face aux demandes du M23 ? Existe-t-il une volonté réelle de mettre fin à la guerre à l’Est du pays ? Le doute est exprimé, et la Coordination demande des actions concrètes pour mettre fin à l’agression.
« Des tâtonnements observés dans la réforme du système de défense et de sécurité exposent l’intégrité du territoire national et la population du Nord-Kivu à des crimes atroces au quotidien. Il sied de rappeler que depuis 2021 le M23-RDF-AFC a resurgi à Runyoni, se métamorphose et prend des entités jusqu’à occuper en ces jours un territoire plus grand que le Rwanda. Avec la prise du Chef-lieu du Territoire de Masisi en date du 04 Janvier 2025, les velléités du M23-RDF-AFC s’orienteraient vers le Territoire de Walikale riche en ressources minières susceptibles de servir à renforcer les moyens pour poursuivre avec la guerre vers d’autres destinations en RDC ».
Des recommandations pour une action urgente
Face à la détérioration rapide de la situation, la faitière des organisations appelle à une réaction immédiate du Gouvernement Congolais. Elle recommande au Chef de l’État, en sa qualité de Commandant Suprême des FARDC, d’ordonner l’organisation d’opérations militaires généralisées pour reconquérir les territoires occupés par l’ennemi.
En outre, la Société Civile insiste sur la nécessité de renforcer la réforme des forces armées, de la police nationale et de la réserve armée de défense. Un suivi de proximité des opérations, avec la présence sur le terrain du Vice-Premier Ministre et du Chef d’État-Major des FARDC, est également jugé impératif.
« Au Chef de l’Etat et Commandant Suprême des FARDC et de la PNC d’ordonner urgemment l’organisation des opérations militaires foudroyantes généralisées sur toutes les lignes des fronts en vue de reconquérir tous les espaces sous l’emprise de l’ennemi ; Ordonner et appuyer la poursuite de la réforme des FARDC, de la PNC et de la Réserve Armée de la Défense (RAD); Dépêcher dans un bref délai le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Défense Nationale et le Chef d’Etat-Major des FARDC au Nord-Kivu pour un suivi de proximité des opérations militaires afin de se rassurer leur effectivité et de la bonne gestion des moyens qui y sont affectés ».
Un appel à la sanction du Rwanda
Sur le plan international, la Coordination insiste sur l’importance de sanctions sévères contre le Rwanda pour son rôle dans l’aggravation de la situation à l’Est de la RDC. L’indifférence observée face à son comportement est jugée inacceptable et nuisible à la paix dans la région des Grands Lacs.
Soutien à l’armée congolaise et aux volontaires
Enfin, la Coordination appelle la population civile à continuer de soutenir les FARDC ainsi que les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), « Wazalendo » dans leur lutte contre l’agression en cours.
Ce communiqué, signé par John Banyene Balingene, représentant de la Société Civile Forces Vives du Nord-Kivu, met donc en exergue une série d’inquiétudes face à une situation sécuritaire de plus en plus critique et appelle à des actions urgentes et déterminées tant au niveau national qu’international.
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