Douze migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont été retrouvés morts entre le 6 et le 12 décembre dans la province marocaine de Jerada, près de la frontière avec l’Algérie. Selon les autorités hospitalières locales, la majorité des victimes seraient décédées de froid et de faim, dans cette zone frontalière réputée pour ses conditions climatiques extrêmes en période hivernale.
L’alerte a été donnée par l’Association d’aide aux migrants en situation vulnérable (AMSV), basée à Oujda. Le 6 décembre, l’organisation a confirmé la découverte de six corps auprès du délégué provincial du ministère de la Santé. Une nouvelle visite sur le terrain, effectuée six jours plus tard, a permis d’identifier six autres dépouilles, portant le bilan provisoire à douze morts en moins d’une semaine.
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Parmi les victimes figurent une femme et un jeune homme de nationalité guinéenne, une Nigériane née en 1996 et un Camerounais né en 1999. Selon l’AMSV, ces migrants seraient soit en route vers d’autres pays d’Afrique du Nord depuis le Maroc, soit récemment entrés sur le territoire marocain après avoir traversé la frontière algérienne.
Outre le froid intense (les températures pouvant chuter jusqu’à -5°C entre la mi-novembre et la fin janvier) un dispositif frontalier particulièrement dangereux aggrave la situation. Hassan Ammari, président de l’AMSV, pointe du doigt un fossé creusé côté algérien, longé par un haut grillage marocain. Large de 4,5 mètres et profond de 4 mètres, cet ouvrage est qualifié par l’activiste de véritable « fossé de la mort ».
Lors des intempéries, les cours d’eau avoisinants débordent, remplissant ce fossé d’eau et de boue. Les migrants qui y tombent, souvent de nuit ou à l’aube, se retrouvent piégés et se noient, incapables de s’extraire de la vase, explique M. Ammari.
L’AMSV alerte depuis plusieurs années sur la gravité de la situation. Depuis 2017, l’association affirme avoir recensé plus de 76 décès dans cette zone frontalière, parmi lesquels des ressortissants du Tchad et du Soudan. Malgré des interpellations répétées adressées aux autorités marocaines et algériennes depuis 2018, aucune solution durable n’a été mise en œuvre.
Alors que l’hiver s’installe durablement, ce nouveau drame met en lumière l’urgence d’une coordination humanitaire transfrontalière et la nécessité de revoir les dispositifs de sécurisation frontalière. Pour les défenseurs des droits humains, ces mécanismes, censés contrôler les flux migratoires, transforment la frontière en une zone mortelle où le droit fondamental à la vie n’est plus garanti.
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La communauté internationale est ainsi appelée à interpeller Rabat et Alger afin qu’une action concertée soit engagée pour mettre fin à ces morts répétées et démanteler ce piège fatal qui endeuille, saison après saison, les routes migratoires du Maghreb.
Joseph Aciza

