La rencontre entre Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), et Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga, suscite une vague de réactions dans le paysage politique et social congolais. Le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) n’a pas tardé à exprimer son indignation face à ce qu’il considère comme une tentative de réhabilitation politique de figures associées à des crises passées.
Dans un communiqué publié peu après cette rencontre tenue à Addis-Abeba, la LUCHA rejette fermement toute initiative qui pourrait, selon eux, légitimer les revendications armées ou exonérer les acteurs étrangers impliqués dans l’instabilité du pays. « NON Moïse Katumbi, NON Joseph Kabila ! », déclare le mouvement, rappelant les conséquences tragiques de la résurgence du M23 à l’Est du pays.
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Joseph Kabila et Moïse Katumbi ont exprimé leur solidarité envers les populations victimes de la mauvaise gouvernance et saluent les efforts internationaux, notamment ceux issus des processus de Nairobi et de Luanda, pour rétablir la paix en RDC. Ils encouragent les facilitateurs à être à l’écoute « des revendications des parties prenantes » et des aspirations des Congolais à la paix, à la liberté et à une véritable démocratie.
«L’ampleur de cette crise est telle qu’elle a suscité des réactions inattendues de la part de certains qui ont choisi une option radicale pour se faire entendre. Ils expriment leur solidarité envers les populations victimes des choix politiques désastreux du pouvoir en place et saluent les efforts en cours aux niveaux régional et international, notamment dans le cadre des initiatives de Nairobi et de Luanda, visant à ramener la paix en RDC. Dans cette perspective de résolution pacifique de la crise, ils encouragent les facilitateurs à demeurer attentifs aux revendications des parties en présence et, surtout, des populations congolaises qui aspirent à la paix, à la liberté et à la démocratie, ce dont elles sont largement privées aujourd’hui » dit le communiqué sanctionnant la rencontre entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi.
Mais la LUCHA souligne que la guerre du M23 ne peut être réduite à une simple « réaction radicale pour se faire entendre » face aux choix politiques du président Tshisekedi. Selon le mouvement citoyen, cette guerre est un prolongement direct des conflits d’exploitation et d’agression qui sévissent en RDC depuis trois décennies, alimentés par des intérêts économiques et géopolitiques.
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Pour le mouvement, ignorer l’implication du Rwanda et d’autres acteurs extérieurs dans cette tragédie revient à masquer la réalité et à trahir l’aspiration des Congolais à une paix durable. Ils dénoncent également le rôle prétendument joué par Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et aujourd’hui un acteur majeur derrière le M23.
« La guerre du M23 est un prolongement direct des guerres d’exploitation et agression orchestrées depuis 3 décennies pour des intérêts économiques et géopolitiques. Offusquer l’implication du Rwanda et d’autres acteurs extérieurs dans cette tragédie masque la réalité et trahit l’aspiration des congolais pour une paix durable », dit le mouvement citoyen.
Des responsabilités partagées
Le communiqué de la LUCHA critique également les choix politiques hasardeux du président Tshisekedi, qu’ils accusent d’avoir aggravé l’instabilité dans le pays.
Toutefois, les militants de la LUCHA insistent sur le fait que ces critiques ne justifient en rien une légitimation des criminels de guerre ni une normalisation des agressions étrangères.
« Le peuple congolais n’a que trop souffert des manipulations politiques qui nourrissent les conflits à l’Est du pays », souligne le mouvement.
La LUCHA appelle les leaders politiques et sociaux à faire preuve de responsabilité en s’engageant pour la paix, la justice et la vérité en RDC. Ils estiment que Joseph Kabila et Moïse Katumbi, à cause de leur passé et de leur poids politique, devraient s’abstenir de toute déclaration ou action susceptible de légitimer les revendications armées ou d’exonérer les acteurs étrangers de leurs responsabilités.
« Tshisekedi, dont nous critiquons régulièrement les choix politiques hasardeux, l’incompétence et les dérives, contribue à instabiliser le pays. Pour autant, rien ne saurait justifier une légitimation des criminels de guerre et une normalisation d’une agression étrangère. Le peuple congolais n’a que trop souffert des manipulations politiques qui nourrissent les conflits à l’Est du pays ».
La LUCHA rappelle, enfin, que la solution aux crises congolaises repose sur un engagement sincère en faveur de la paix et de la justice.
« Il est temps que les acteurs politiques et sociaux cessent de nourrir les conflits à des fins personnelles et économiques et mettent les aspirations du peuple au centre de leurs priorités », insiste le mouvement.