Les partis politiques de l’opposition au Nord-Kivu ont exprimé leur opposition ferme à la révision constitutionnelle en cours en République démocratique du Congo, lors d’une réunion tenue ce vendredi 13 novembre 2024, à Goma, dans les locaux du parti Ensemble pour la République. Dans une déclaration commune, ils accusent le président Félix Tshisekedi de vouloir modifier la Constitution pour consolider son pouvoir et instaurer une dictature, dénonçant une manœuvre dangereuse pour la démocratie congolaise.
La déclaration a été signée par plusieurs formations politiques de poids, notamment le LGD de Matata Ponyo, Ensemble de Moïse Katumbi, le PPRD de Joseph Kabila, l’Ecidé de Martin Fayulu, la COFEDEC de Filia Tshipasa et l’ARC de Elysée Munembwe.
Ces partis reprochent à Tshisekedi de manipuler les institutions démocratiques, réprimant les opposants, les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme, tout en violant les principes constitutionnels lors des élections de 2018 et dans la gestion nationale actuelle.
Parmi les accusations formulées, l’opposition évoque le massacre de 150 civils à Goma le 30 août 2023, un crime qu’elle qualifie de resté impuni, ainsi que les pressions exercées sur des gouverneurs et acteurs politiques lors de la conférence de Kalemie pour obtenir leur soutien au projet de révision ou de changement.
Ils critiquent également la signature de contrats miniers douteux avec des partenaires étrangers sans consultation des institutions compétentes, tout en dénonçant l’inaction face à la crise sécuritaire qui laisse une grande partie du Nord-Kivu sous contrôle de forces étrangères et rebelles, notamment du Rwanda et de l’Ouganda.
Me Simon Dioka, Inter fédéral de l’ARC pour le Nord-Kivu, a insisté sur la nécessité pour le président de prioriser la protection de l’intégrité territoriale et l’amélioration des conditions de vie des Congolais, conformément à l’article 69 de la Constitution. Selon lui, 60 % du Nord-Kivu échappent au contrôle national, une situation qui devrait être traitée en urgence.
« L’article 69 de la Constitution oblige le président à garantir l’intégrité territoriale. Or, aujourd’hui, 60 % du territoire du Nord-Kivu échappe au contrôle national en raison de la guerre et de l’occupation étrangère, notamment par le Rwanda et l’Ouganda. Cette situation devrait constituer une priorité urgente », a-t-il déclaré.
Bruno Mwitoere, Président fédéral du LGD, a pour sa part affirmé que les actions de Tshisekedi participent à un « plan de balkanisation de la RDC », l’accusant de recruter des mercenaires et de signer des contrats étrangers sans consulter le peuple, menaçant ainsi l’unité nationale.
L’opposition appelle plutôt à concentrer les efforts sur la pacification et le développement du pays, estimant que le contexte actuel ne justifie en aucun cas une révision constitutionnelle.
De son côté, le président Félix Tshisekedi a défendu son projet lors d’un meeting à Kisangani, arguant que la Constitution actuelle, rédigée « à l’étranger par des étrangers », n’est pas adaptée aux réalités congolaises. Il plaide pour une réforme qui refléterait les aspirations du peuple congolais.
Freddy Ruvunangiza, depuis Goma
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