Le président de la République Démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi, a profité de son discours à la 80e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, à New York, pour dénoncer l’attitude du Rwanda dans la crise sécuritaire de l’Est de la RDC. Il accuse Kigali de « faire semblant » de retirer ses troupes alors que ses forces militaires restent actives aux côtés des rebelles du M23, désormais regroupés sous la bannière de l’Alliance des Forces Congolaises (AFC-M23).
Le chef de l’État congolais a rappelé que, malgré la signature de l’accord de Washington censé apaiser les tensions entre Kinshasa et Kigali, « les choses n’évoluent pas vraiment sur le terrain ».
Selon lui, un « jeu d’ombres » est orchestré par le Rwanda, qui simule le retrait de ses troupes alors que celles-ci continuent de soutenir activement les rebelles.
« Une présence militaire rwandaise toujours active et un soutien continu aux rebelles du M23, aujourd’hui regroupés sous la bannière de l’AFC-M23 », a dénoncé Tshisekedi, affirmant que cette coalition n’est « qu’une émanation de la volonté du Rwanda » et qu’il existe « un lien direct et toujours actif entre Kigali et les rebelles ».
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Dans son allocution, le président congolais a insisté sur la nature du conflit qui ensanglante l’Est de son pays, qu’il qualifie de guerre économique.
« Cette guerre n’a aucun soubassement politique ou autre. C’est une guerre économique qui nous est imposée pour le pillage de nos ressources naturelles », a-t-il affirmé, en dénonçant le rôle actif du Rwanda dans la déstabilisation prolongée de la région.
Tshisekedi a également souligné la dépendance « totale » de l’AFC-M23 vis-à-vis de Kigali, tant sur le plan militaire que financier.
Selon lui, les discussions en cours à Doha en sont la preuve : « Il suffit qu’on fasse pression sur le Rwanda dans les discussions en cours à Doha pour que les représentants de l’AFC-M23 avancent », a-t-il ajouté.
Le chef de l’État a par ailleurs déploré que le cessez-le-feu convenu à Washington tarde à se matérialiser.
« Le cessez-le-feu tarde encore parce que justement, le Rwanda sait très bien que si cela se conclut, ce serait vraiment le début de la fin de ses exactions en République Démocratique du Congo », a-t-il dénoncé.
Devant l’Assemblée Générale, Tshisekedi a lancé un appel clair à la communauté internationale, demandant une pression diplomatique accrue sur le Rwanda afin de :
- faire respecter les engagements pris à Washington,
- couper les liens logistiques et politiques entre Kigali et les groupes armés opérant en RDC.
Le président congolais a ainsi replacé la question sécuritaire de l’Est de la RDC au cœur du débat international, insistant sur la responsabilité du Rwanda dans la persistance du conflit et appelant les Nations Unies et leurs États membres à agir pour mettre fin à ce qu’il considère comme un pillage organisé des ressources congolaises.
Edith Kazamwali et Brigitte Furaha