Le Professeur Luc Henkinbrant s’est exprimé à l’annonce du Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI), Karim Khan, concernant la réactivation des enquêtes sur les crimes présumés commis en République Démocratique du Congo (RDC), en particulier dans la province du Nord-Kivu depuis janvier 2022. Cette décision fait suite à un double renvoi des autorités congolaises, appelant à l’ouverture d’enquêtes sur les crimes sur leur territoire, le premier remontant à 2004 et le second en mai 2023.
Dans une déclaration, Henkinbrant a salué la mise en place d’un comité de pilotage par le gouvernement congolais pour établir une Cour pénale spéciale, un développement qu’il considère comme un « pas en avant » crucial.
Il a souligné l’importance d’une approche intégrée et collaborative entre la CPI, les autorités nationales et la communauté internationale pour garantir la justice et mettre fin aux cycles d’impunité en RDC.
« Notre objectif ultime est d’établir une stratégie de justice transitionnelle à long terme, durable et viable en RDC, que la CPI et la communauté internationale peuvent à la fois soutenir et s’en inspirer », a-t-il déclaré à La Prunelle RDC.
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Selon lui, la demande de création d’une Cour pénale spéciale représente une revendication plus réaliste et pragmatique que celle d’un Tribunal pénal international.
Henkinbrant a également mis en avant l’urgence de préserver les preuves des crimes commis, citant les recommandations du Dr. Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix.
Ce dernier a insisté sur l’importance de collecter et de conserver des éléments de preuve, notamment ceux relatifs aux fosses communes documentées dans le Rapport Mapping. Ces preuves sont essentielles pour établir la responsabilité pénale des auteurs de crimes de masse en RDC.
« Le Président de la République devrait, sans plus attendre, adresser une lettre au Conseil de sécurité des Nations Unies pour demander l’aide de la communauté internationale », a ajouté Henkinbrant. Il a suggéré la création d’une Équipe d’enquêteurs intégrée à la MONUSCO, composée d’experts en anthropologie médico-légale, chargée de recueillir et de préserver des éléments de preuve de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide.
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La déclaration de Khan sur la complémentarité des efforts entre la CPI et les autorités congolaises a été accueillie avec optimisme par Henkinbrant, qui a rappelé que seul un effort collectif permettra de surmonter les défis juridiques et humanitaires en RDC.
Alors que les enquêtes de la CPI sont réactivées, le Professeur Henkinbrant souligne l’importance d’une action concertée pour garantir justice et réparation aux victimes des atrocités en RDC, tout en s’attaquant aux racines de l’impunité qui perdurent depuis trop longtemps.