Alors que les pourparlers de Doha et de Washington peinent à produire des avancées concrètes, des jeunes leaders et femmes engagées estiment que la paix entre la RDC et le Rwanda ne pourra être obtenue que par un processus interne, conçu et imposé par les Congolais eux-mêmes. Ils l’ont affirmé ce samedi 15 novembre 2025 dans un entretien accordé à La Prunelle RDC.
Beaucoup d’espoirs avaient été placés dans les médiations internationales. Mais pour Héritier Mutimanwa, jeune leader de l’organisation Vijana Sujaa, l’optimisme des débuts a rapidement laissé place à la désillusion.
« On a tous cru que cette fois ça tiendrait, mais chaque jour prouve que tout est illusoire », regrette-t-il.
Selon lui, le premier blocage réside du côté des acteurs armés. « Ils produisent des déclarations, se conviennent de principes qu’ils ne suivent jamais. Les cessez-le-feu ne sont ni respectés ni appliqués », constate-t-il. Il reproche également à la médiation internationale de banaliser la gravité de la crise. « La médiation minimise la crise, elle la traite avec une légèreté qui ne rassure pas. »
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Julien Namegabe, coordonnateur de « Amani ya Kudumu asbl », partage ce constat et estime que les Congolais ne doivent plus rester dépendants d’intervenants étrangers.
« Aucun résultat ne viendra de l’extérieur. La solution sera adaptée à ce peuple parce qu’il connaît ses souffrances », affirme-t-il.
Il déplore en outre les messages contradictoires entourant les négociations en cours.
« Les deux parties devraient s’asseoir pour régler le problème. Les médiateurs n’apportent rien, au contraire ça aggrave la situation », tranche-t-il.
Rappelant que les dialogues de 2000, 2001 ou 2004, déjà encadrés par des médiations externes, n’ont pas instauré la paix durable espérée, il estime que persister dans cette voie relève désormais de l’illusion.
Pour Solange Lwashiga, coordinatrice du « Caucus des femmes », les conséquences du conflit sont particulièrement dévastatrices pour les femmes et les familles. « Depuis plus de 30 ans, les Congolaises vivent des guerres d’agression, d’exploitation économique et des violences sexuelles qui annihilent les communautés », déplore-t-elle.
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Ses attentes sont nettes : « Nous voulons le rétablissement d’une paix durable. Les armes doivent se taire et les plans de paix doivent être exécutés. On ne peut pas signer des principes sans impliquer les femmes, les jeunes, les enfants et les vieillards. »
Elle met en garde, elle aussi, contre la dépendance envers les négociations internationales.
« La paix ne viendra pas de l’extérieur. Les États-Unis et le Qatar ont leurs intérêts sur notre sol. Sans processus interne solide, ces initiatives resteront inefficaces. »
Face à l’impasse diplomatique et aux échecs répétés des médiations, ces voix – jeunes, femmes, activistes – rappellent qu’aucune paix durable ne pourra être imposée par des capitales étrangères. Pour elles, seule une mobilisation collective, menée par les Congolais qui vivent la guerre et en portent les cicatrices, permettra de transformer l’espoir en réalité.

