Lors de la conférence internationale sur la paix dans la région des Grands Lacs, tenue à Paris, Me Néné Bintu, présidente du Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu (RDC), a lancé un plaidoyer fort en faveur d’une paix durable en République démocratique du Congo. Elle a insisté sur la nécessité de la justice, de la fin de l’impunité et de l’inclusion des femmes et des jeunes dans tous les processus de paix.
« Depuis 30 ans, les morts se comptent par millions », a-t-elle rappelé d’entrée, dénonçant l’ampleur des violations des droits humains et l’impunité persistante dans des provinces comme les Deux Kivu, l’Ituri ou encore le Grand Bandundu. Selon elle, l’exploitation illégale des ressources naturelles congolaises par des acteurs étrangers continue d’alimenter les conflits et de déchirer le tissu social du pays.
Face à cette tragédie, Me Bintu a interpellé la communauté internationale.
« Jusqu’à quand le monde se taira-t-il face à ces crimes imprescriptibles qui font honte à l’humanité au XXIe siècle ? »
Pour elle, la justice reste le socle de toute paix durable. Elle a plaidé pour la création d’un tribunal spécial pour le Congo, destiné à compléter l’action de la Cour pénale internationale (CPI). Une mesure qu’elle estime indispensable pour rompre définitivement avec l’impunité et rendre justice aux millions de victimes congolaises.
Inclusion des femmes et des jeunes : une condition essentielle à la paix
S’appuyant sur les paroles du prix Nobel de la paix Denis Mukwege, Me Néné Bintu a appelé à impliquer davantage les femmes et les jeunes dans les processus de paix.
« Nous, femmes congolaises, exigeons d’être associées comme bâtisseuses et médiatrices, et d’obtenir réparation en tant que victimes », a-t-elle déclaré avec force.
Elle a également évoqué son audience au Vatican avec le Pape Léon XIV, signe, selon elle, de la portée universelle du combat pour la justice et la dignité en République démocratique du Congo.
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;Dans son intervention, Me Bintu a dénoncé le silence entourant la résolution 2273 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui exige la cessation des hostilités et le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais. Elle a salué le rappel récent de cette exigence par le Secrétaire général de l’ONU, tout en exhortant la communauté internationale à transformer les résolutions en actes concrets.
Enfin, Me Néné Bintu a insisté sur la nécessité d’une aide humanitaire coordonnée et efficace, centrée sur la protection des civils et la relance agricole comme moteur du développement durable.
« C’est la responsabilité première des États et des acteurs réunis ici. N’attendons plus qu’il soit trop tard pour agir. Nous ne pourrons plus dire que nous ne savions pas », a-t-elle conclu.
Abdallah Mapenzi

