La quiétude institutionnelle du Comité National Olympique congolais (CNO) s’est brusquement fissurée. Les récentes élections, censées garantir la continuité de la gouvernance olympique, se retrouvent au cœur d’une contestation retentissante menée par deux fédérations nationales inattendues : l’Haltérophilie et le Rugby.
Leur fronde, perçue comme un avertissement sévère dans un environnement sportif souvent peu enclin à questionner la gouvernance interne, ouvre une crise de légitimité qui pourrait bien dépasser les frontières nationales et résonner jusqu’à Lausanne.
Des irrégularités dénoncées dès la convocation du scrutin
Les accusations portées par les deux fédérations contestataires vont au cœur des principes démocratiques internes.
Elles estiment que la convocation de l’Assemblée générale élective a été entachée de graves irrégularités, notamment l’absence de mentions statutaires obligatoires telles que le lieu et l’heure du scrutin.
Le manque de transparence est également pointé du doigt : les rapports moral et financier n’auraient pas été distribués dans les délais réglementaires. Pire encore, les versions finalement partagées contiendraient, selon les plaignants, des incohérences majeures ainsi que plusieurs « zones d’ombre », rendant tout contrôle interne crédible impossible.
L’exclusion d’un candidat, point central de la crise
Au cœur de cette tourmente : l’exclusion jugée arbitraire d’un candidat à la présidence du CNO.
D’après les fédérations frondeuses, le dossier de ce candidat était pourtant recevable, mais aucun de ses recours n’a été examiné. Une entorse grave, selon elles, aux statuts mêmes du Comité.
Le candidat évincé affirme par ailleurs avoir subi des pressions internes visant à le contraindre au retrait, des accusations lourdes qui n’ont, jusqu’ici, suscité aucune réaction publique de la direction du CNO.
Un bras de fer ouvert avec le Ministère des Sports
Cette élection s’est déroulée dans un climat de confrontation institutionnelle.
Le Ministère des Sports avait pourtant ordonné sa suspension, exigeant une clarification préalable des procédures afin de garantir l’équité du scrutin. Le CNO a décidé d’ignorer cette injonction, invoquant l’autonomie de ses statuts et la neutralité du mouvement olympique face aux interférences politiques.
La présence d’un représentant de l’Association des Comités nationaux olympiques d’Afrique (Acnoa), resté silencieux face aux irrégularités présumées, alimente également les critiques. Pour l’Haltérophilie et le Rugby, ce mutisme pourrait s’apparenter à une validation tacite d’un processus contesté.
La menace d’une saisine du TAS
Face à ce qu’elles considèrent comme un « passage en force », les deux fédérations tournent désormais leur regard vers les instances internationales.
Si l’annulation du scrutin n’est pas prononcée, elles menacent de saisir le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) de Lausanne, ultime instance pour arbitrer les litiges majeurs du mouvement olympique.
Une telle procédure pourrait transformer cette affaire, localement perçue comme un conflit interne, en un véritable test de conformité aux standards internationaux de gouvernance et de transparence.
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L’issue de cette bataille juridique et politique déterminera non seulement la validité de la nouvelle équipe dirigeante, mais aussi les futures relations entre l’État, les fédérations sportives et le CNO.
Derrière ce scrutin contesté se joue, en réalité, un débat plus large sur la gouvernance du sport congolais : transparence, reddition des comptes, respect des statuts et équilibre entre autonomie sportive et contrôle étatique.
Le sport congolais retient son souffle.
Joseph Aciza

