À Lubumbashi, l’élection du pape Léon XIV suscite un espoir renouvelé de paix en République démocratique du Congo. Cinq femmes prennent la parole pour porter la voix d’une population meurtrie par les conflits et les injustices sociales.
Depuis l’annonce de l’élection du nouveau souverain pontife par les cardinaux, les réactions se multiplient à travers le pays. Dans le sud-est de la RDC, à Lubumbashi, les femmes expriment des attentes claires envers le nouveau chef de l’Église catholique, plaçant la paix au centre de leurs préoccupations, en particulier face aux tensions persistantes dans l’Est du pays.
« Nous attendons de notre pape qu’il œuvre pour la paix, notamment à l’Est de la République démocratique du Congo. Le pape François lui-même avait appelé à instaurer la paix dans cette région », affirme Anty Bandu, résidente de Lubumbashi.
Ce message traduit un sentiment collectif fort : celui d’un peuple fatigué par les violences, en quête d’une voix spirituelle capable d’influencer les décisions politiques et diplomatiques.
Pour Lyna Mabudi, c’est le poids de l’institution catholique qui peut apporter une lueur d’espoir :
« Avec l’autorité que le Pape détient pour l’Église de Dieu, notre pays pourrait connaître un soulagement, surtout pour des femmes comme nous. »
Sa déclaration souligne l’importance du leadership religieux dans la résolution des crises, mais aussi dans l’émancipation des femmes.
D’autres voix, plus critiques, dénoncent les causes profondes du mal-être social. Misen Mujinga, elle, désigne directement la classe dirigeante :
« La pauvreté et la misère que nous subissons aujourd’hui sont dues à la mauvaise volonté de nos dirigeants. »
Cette prise de position franche reflète la frustration d’une partie de la population face à un État souvent perçu comme absent ou inefficace.
La parole politique féminine vient renforcer ce constat. Viviane Manyonga, cadre de l’Union sacrée à Lubumbashi, dénonce les violences spécifiques faites aux femmes dans les zones en conflit :
« Les femmes sont souvent marginalisées, victimes de violences sexuelles et de tortures. La paix est indispensable pour qu’elles puissent vivre dignement et retrouver une vie apaisée. »
Un message clair : sans paix, il ne peut y avoir ni justice ni développement pour les femmes.
Enfin, Blandine Yaba et Hélène, vendeuses de bananes au marché, appellent à une reconnaissance de la place de la femme dans la société :
« La femme a une valeur que les autorités doivent reconnaître. Avec la nomination du Pape, nous espérons que notre place sera valorisée », déclare Hélène.
Ces propos résonnent avec un besoin de dignité, d’équité et de représentation, dans un pays où les femmes sont en première ligne des crises.
Dans l’Est de la RDC, les conflits armés et l’insécurité chronique continuent de déchirer des milliers de vies. Les femmes, particulièrement exposées, portent à elles seules une part importante des souffrances sociales et économiques. Les cinq témoignages recueillis illustrent une attente collective : que les leaders religieux, comme politiques, s’impliquent concrètement dans la recherche de la paix et de la justice.
Le rôle symbolique et diplomatique du pape dans les grands dossiers mondiaux sera scruté de près. En RDC, les espoirs placés en Léon XIV sont immenses, non seulement pour ses mots, mais aussi pour les actions concrètes qu’il pourrait inspirer au niveau international.
À Lubumbashi, les femmes ne demandent pas la charité, mais un soutien moral et politique fort pour mettre fin à des décennies de souffrance. Leur message est clair : la paix n’est pas un luxe, mais une nécessité urgente.
Moïse Kashala, depuis Lubumbashi