RDC-Rwanda  : ce que Félix Tshisekedi doit clairement dire à Paul Kagame (Jean Bosco Muhemeri)

Au terme du tête-à-tête  qui a eu lieu mardi 27 février courant à Luanda, en Angola, entre les Présidents Félix Tshisekedi et son homologue angolais, le Président Félix Tshisekedi aurait donné son accord de principe pour rencontrer son homologue du Rwanda pour parler de la situation sécuritaire dominée par l’agression de la RDC par les terroristes du M23 soutenus par l’armée rwandaise. Selon la présidence de la RDC, la rencontre Tshisekedi-Kagame sous la médiation de l’Ouganda  devra être précédée par d’autres étapes pour la matérialisation de cette rencontre.

La même source renseigne que le Chef de l’État Félix Tshisekedi a exigé le retrait du territoire congolais des troupes du RDF, la cessation des hostilités et le cantonnement des rebelles du M23 avant de rencontrer son homologue Paul Kagame.

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Mais que doit dire le Président Tshisekedi à mon homologue rwandais au cas où la rencontre est organisée ?

Pour Jean Bosco Muhemeri, un des acteurs de la Société Civile maîtrisant les enjeux sécuritaires de la sous-région, cette rencontre doit constituer une opportunité pour les autorités Congolaises de dire clairement des choses à Paul Kagame qui « instrumentalise » le M23.

« Cette volonté du Président Félix Tshisekedi de rentrer à table avec Kagame est déjà un grand pas parce qu’au début, on voulait le piéger en lui envoyant les pantins du M23 pour des discussions. Quand on est en conflit ouvert, il faut que les dirigeants se parlent. Il y a toujours un problème, parce que des fois les discussions c’est entre deux personnes rusées qui ne se disent pas totalement la vérité et qui, sur le plan stratégique, chacune veut cacher quelque chose derrière son chapeau. Mais sur le plan militaire chacun impose sa volonté.  Et quand chacun réalise qu’il est en train de perdre quelque chose sur le terrain militaire, il peut revenir sur la table des négociations avec moins de surenchère et très peu de ruse pour être plus ou moins écouté et faire en sorte que tout se termine sur la table. La posture de Kagame c’est la posture d’une marionnette. Kagame c’est un monstre qui a été fabriqué par la CIA américaine et qui n’a pas sa propre volonté. C’est une guerre qui nous est menée par procuration et Kagame fait la volonté qui n’est pas la sienne. C’est pourquoi il faut détruire ce monstre-là par tous les moyens », explique d’entrée de jeu Muhemeri.

Pour Jean-Bosco Muhemeri, il faut que le président Tshisekedi évite de tomber dans le piège de Kagame. Pour lui, même acceptant de dialoguer avec Kagame, Tshisekedi ne doit pas reculer avec l’option militaire.

« Le Président Tshisekedi ne doit pas reculer dans la montée en puissance de notre armée qui doit taire cette posture militariste de Kagame. On doit parvenir à imposer au Rwanda un amour du panafricanisme. Un panafricanisme où tout le monde travaille pour la coprospérité des africains. On ne doit pas aller servir de marionnette pour détruire ses propres frères africains » soutient cet acteur de la Société civile.

Quatre choses à dire à Kagame:

Pour cette rencontre entre les deux Chefs d’Etats, Jean-Bosco Muhemeri note quatre choses qui doivent être dites à Kagame. Tout pour lui se résume à un mot : la souveraineté!

« Comme il sera avec Kagame, il ne faudrait pas qu’on dise que c’est le moment d’arrêter les combats. Il faut lui dire directement d’arrêter tout ce petit monde congolais qu’il finance et manipule pour le besoin des multinationales. Deuxièmement, il doit demander au Rwanda de retirer sa main dans les minerais du Congo. Le Congo est un pays souverain et qui doit exercer sa souveraineté sur toutes ses richesses y compris les minerais. Ce sont les congolais qui doivent décider sur les minerais du Congo. Troisièmement, on doit rappeler à Paul Kagame que l’affaire des FDLR n’est pas congolaise. C’est une affaire rwandaise. Ils ne doivent pas mettre le Congo une corde au cou. À la table des négociations, ça doit être clair. Et enfin, il y a l’affaire Banyamulenge ou tutsi congolais,  c’est une affaire du Congo. Il y n’y a pas dans le Congo, un groupe ethnique pour lequel l’étranger viendra négocier leur prospérité ou leur bonheur au Congo. S’ils les aiment autant qu’il aime les populations africaines chassées en Angleterre comme des faux immigrés, et bien, il n’a qu’à les prendre et les loger dans ces hôtels qu’il construit pour les faux immigrés. Il doit cesser avec cette hypocrisie de donner l’impression que les tutsi qui sont au Congo sont les tutsi de son amour. Il doit faire le bonheur des rwandais et laisser les Congolais faire le bonheur des congolais. Le problème des tutsi du Congo ne concerne plus les tutsi du Rwanda. Le Chef de l’Etat ne doit pas céder quelque chose dans ce sens », insiste Muhemeri.

Jean-Bosco Muhemeri pense que si Kagame veut discuter avec le Congo, il doit commencer par retirer son armée et ses équipements militaires au Congo.

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« La question de la gestion des groupes armés qu’on peut appeler Congolais, la gestion de la terre,  c’est une question congolaise. Et le programme est clair, on les désarme, on les amène dans un lieu de cantonnement où ils seront identifiés et on saura quel sort leur réserver. S’il faudra les amener dans une vie de réinsertion sociale ou les amener dans une formation au patriotisme, au civisme ou à la responsabilité, ça c’est pour les congolais. Mais pour les étrangers et les terroristes, ils doivent être rapatriés dans leurs États ou jugés. Donc si Kagame veut discuter avec le Congo, il doit commencer par retirer son armée et ses équipements militaires au Congo et aller faire le bonheur du peuple rwandais », conclut-il. 

Bertin Bulonza