Le climat reste explosif entre Kinshasa et Kigali, malgré l’accord de paix signé le 4 décembre 2025 à Washington. Dans un communiqué publié ce mercredi 10 décembre, le gouvernement rwandais a accusé la République démocratique du Congo de violations répétées du cessez-le-feu, pointant du doigt les FARDC, les groupes d’autodéfense Wazalendo, l’armée burundaise et les milices FDLR.
Selon Kigali, des bombardements venus du territoire burundais ont ciblé cette semaine des villages civils situés à proximité de la frontière rwandaise, notamment dans la zone de Kamanyola, dans le Sud-Kivu. Le communiqué affirme que plus de 1.000 Congolais ont fui vers Bugarama, au sud du Rwanda, où ils sont actuellement accueillis au camp de transit de Nyarushishi.
Le Rwanda accuse également l’armée burundaise d’avoir déployé près de 20.000 soldats au Sud-Kivu, en soutien aux forces congolaises. Kigali affirme que ces troupes auraient assiégé les villages banyamulenge à Minembwe, avec pour intention « manifeste d’affamer les habitants ».
Depuis la prise de la ville d’Uvira par les rebelles de l’AFC-M23, Kigali estime que Kinshasa a publiquement affirmé qu’elle ne respecterait aucun cessez-le-feu et qu’elle poursuivrait ses opérations pour reconquérir les zones occupées, même en pleine dynamique de paix.
Le communiqué rwandais soutient que ces mouvements militaires étaient « préparés depuis des mois » et avaient été « documentés publiquement », mais que la communauté internationale n’a pas exigé leur suspension.
Kigali insiste également sur le fait que l’incapacité de la RDC à neutraliser les FDLR, comme prévu dans l’Accord de paix de juin 2025, constitue l’un des principaux obstacles à la résolution durable du conflit dans l’Est. Pour le Rwanda, cet élément est essentiel dans le cadre des Accords de Washington.
Le document affirme par ailleurs qu’il est désormais « évident » que Kinshasa n’avait pas l’intention de s’engager pleinement dans le processus de paix, malgré la participation du président Félix Tshisekedi à la cérémonie du 4 décembre.
Malgré la signature de l’accord de Washington entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, sous la médiation du président américain Donald Trump, les combats se poursuivent sur plusieurs fronts. Kinshasa et Kigali continuent de s’accuser mutuellement de violer le cessez-le-feu, compromettant davantage les perspectives d’une désescalade.
Suzanne Baleke

