La République Démocratique du Congo (RDC) et la République du Rwanda ont signé un accord de paix majeur ce vendredi à Washington, sous l’égide du gouvernement des États-Unis. Cet accord, conclu après des mois de négociations, vise à mettre fin aux hostilités, restaurer les relations bilatérales, et favoriser la stabilité, la sécurité et l’intégration économique dans la région des Grands Lacs.
L’accord, signé en présence de représentants américains, pose un cadre contraignant de respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque pays. Il prévoit notamment le désengagement militaire, la fin du soutien aux groupes armés, le désarmement des forces non étatiques, ainsi qu’un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité.
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Les deux pays s’engagent à cesser immédiatement toute forme d’agression directe ou indirecte, y compris le soutien à des groupes armés hostiles opérant sur les territoires voisins. Le plan de neutralisation des FDLR, établi en octobre 2024, sera mis en œuvre des deux côtés, en lien avec le processus de Luanda.
L’accord interdit formellement toute activité militaire menaçant la paix ou la sécurité de l’autre partie, et impose aux deux gouvernements de prendre des mesures contre les groupes armés non étatiques opérant à partir de leur territoire.
L’accord soutient explicitement le processus de paix en cours à Doha entre la RDC et le groupe armé M23, sous médiation du Qatar. Il prévoit une intégration conditionnelle de certains combattants dans les forces armées congolaises, selon des critères stricts de moralité, de compétence et de loyauté envers l’État et ses institutions.
Par ailleurs, le Processus national de désarmement, démobilisation, réintégration communautaire et stabilisation (P-DDRCS) est renforcé pour encadrer le retour à la vie civile des ex-combattants.
Dans les 30 jours suivant l’entrée en vigueur de l’accord, un Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité sera lancé. Il aura pour mission d’assurer la transparence des opérations sécuritaires, de neutraliser durablement les FDLR, et de mettre fin à toute forme de soutien à ces groupes.
Ce mécanisme s’appuiera sur des coopérations bilatérales antérieures et des principes de respect du droit humanitaire, notamment la protection des civils et du personnel humanitaire.
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L’accord prévoit également des mesures concrètes pour le retour volontaire et sécurisé des réfugiés et le retour des déplacés internes. Il appelle à un accès libre et inconditionnel de l’aide humanitaire, en particulier dans les zones de conflit à l’Est de la RDC.
Autre point fort du document : les deux pays s’engagent à établir un cadre d’intégration économique régionale dans un délai de trois mois. Ce cadre vise à formuler des partenariats dans les domaines de l’énergie, des chaînes de valeur minières, des parcs nationaux et du commerce transfrontalier, notamment autour du lac Kivu.
Des mécanismes indépendants de surveillance et de lutte contre la corruption seront mis en place pour assurer la transparence économique, notamment sur les minerais critiques et les projets d’infrastructure.
L’accord reconnaît le rôle central de la MONUSCO dans la stabilisation de l’Est de la RDC, et appelle au respect de ses missions. Le texte fait également référence à la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, et prévoit l’implication active du Qatar, de l’Union africaine et des États-Unis dans le Comité de surveillance conjointe.
Ce comité veillera à la mise en œuvre effective du texte, au règlement des différends et au suivi des violations éventuelles.
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Ce nouvel accord est perçu comme une avancée diplomatique majeure dans la région des Grands Lacs, après des années de tensions armées entre les deux voisins. En posant des bases solides de coopération sécuritaire, humanitaire et économique, il ouvre la voie à une nouvelle ère de relations pacifiques et de développement partagé entre la RDC et le Rwanda si les deux parties jouent franc-jeu.
En attendant, la première réunion du Comité de surveillance conjointe est prévue dans les 45 jours à Washington, et les premières étapes de mise en œuvre devraient débuter dans les semaines à venir.