Sar Eddy Safari, jeune artiste rappeur et slameur originaire de Bukavu, ne cesse de faire vibrer la scène urbaine locale par son style unique et sa plume incisive. Entre slam et rap, il a su se forger une identité artistique forte, à la croisée des mots et des mélodies. Portrait d’un artiste en pleine ascension.
Une passion précoce pour les mots
Sar Eddy Safari découvre très tôt la puissance des mots et se laisse séduire par la poésie et l’écriture. Le slam devient rapidement son moyen d’expression privilégié, une plateforme où il explore et affine son talent. Rejoignant le collectif Passe’Moil’mike/Bukavu Slam Session, il se perfectionne aux côtés de figures emblématiques comme Freed Mushaga, Mérou Mégaphone et Achille Argus.
Une rencontre marquante avec Yannick Oho Bambe et Marc Alexandre, membres du collectif On a slamé sur la lune, marque un tournant décisif dans sa carrière. Ces mentors, fascinés par le talent brut de Sar Eddy, lui apportent un soutien indéfectible. Ils l’aident à concrétiser ses projets, notamment en l’accompagnant dans ses enregistrements.
Du slam au rap : un parcours naturel
Si le slam a façonné les premières armes de Sar Eddy Safari, son évolution vers le rap semble une suite logique. Attiré par les rythmes et les sonorités plus mélodiques, il commence à écrire et composer ses propres morceaux. Ses textes, souvent introspectifs, touchent à des thématiques universelles : l’amour, l’espoir, la perte, mais aussi les défis auxquels fait face la jeunesse de Bukavu dans un contexte socio-économique difficile.
En 2022, il se produit pour la première fois au Centre Culturel Bantu Kingdom, un concert mêlant rap, musique et slam. Peu après, il monte son premier spectacle, « Balle Perdue », au Centre Mashujaa (MAC). Il s’illustre aussi à travers des séries de freestyles pour Denota Label avant de revenir sur le devant de la scène, après une période de silence, avec un freestyle intitulé Ti-peu Renoi dans le cadre des Evoludia Sessions. À chaque étape, sa musique devient le miroir des réalités sociales et personnelles qu’il traverse.
Une signature unique et authentique
Ce qui distingue Sar Eddy Safari, c’est son authenticité. Refusant les stéréotypes du rap commercial, il opte pour un style brut, sincère et réfléchi, où chaque mot a son poids. Sa voix, oscillant entre mélancolie et énergie, parvient à transporter son public au cœur de ses émotions. Sur scène, ses performances vibrantes et intimes créent une connexion profonde avec l’audience.
Soutenu par une communauté unie
Sar Eddy Safari n’est pas seulement un artiste talentueux ; il est également porté par une communauté soudée d’artistes et de passionnés de musique. Des figures comme Yannick Oho Bambe et Marc Alexandre continuent d’être des piliers dans son parcours artistique. Ensemble, ils travaillent à faire rayonner la culture de Bukavu bien au-delà des frontières congolaises, jusqu’en France.
Des projets pour l’avenir
Loin de se limiter à sa propre carrière, Sar Eddy Safari nourrit une vision collective. Il s’investit dans des ateliers d’écriture et de production musicale pour encourager les jeunes talents locaux à se lancer. Avec un profond désir de transmettre son savoir et de renforcer la scène culturelle de Bukavu, il veut bâtir un héritage qui va au-delà de ses propres réalisations.
Lire aussi : Bukavu vibre au rythme d’ « Izulu Live » ce dimanche 15 décembre 2024
Une ambition plus grande que la musique
Pour Sar Eddy Safari, la musique est bien plus qu’un simple moyen d’expression. C’est un outil de transformation sociale. « La musique, c’est mon refuge, mon moyen d’expression, mais c’est aussi un outil pour créer du lien social et susciter le changement. Je suis fier de mes racines et je veux que ma musique porte haut les couleurs de Bukavu », confie-t-il.
Avec un style authentique, une voix engagée et une détermination inébranlable, Sar Eddy Safari s’impose comme un porte-parole de sa génération. Au fil de ses projets, il aspire à amplifier les voix des oubliés et à contribuer, à travers son art, à une société plus juste et équitable. L’avenir semble déjà prometteur pour ce talent venu du cœur du Kivu.
Ségolène Iranga, Stagiaire Université Catholique de Bukavu (UCB)