Des doyens de la Société Civile du Sud-Kivu multiplient les initiatives diplomatiques pour porter la voix des communautés congolaises dans le processus de paix en cours.
Un groupe de doyens, appuyé par le Bureau de coordination provincial, a transmis ce lundi une note de plaidoyer au Dr Mohammed Abdulaziz Saleh Al-Khulaifi, ministre d’État auprès des Affaires étrangères du Qatar et médiateur des pourparlers de Doha entre le gouvernement congolais et la rébellion AFC-M23.
Dans ce document, les acteurs de la Société Civile expriment leurs vives préoccupations face au projet zéro de l’Accord de paix global daté du 14 août dernier, qu’ils jugent dangereux pour l’intégrité territoriale et la souveraineté de la RDC.
Parmi les points dénoncés :
- Article 6 : délivrance de documents d’identité et de voyage à certaines communautés dites vulnérables, perçue comme une mesure discriminatoire et attentatoire à l’unité nationale.
- Article 8 : création d’une force spéciale intérimaire au Nord et Sud-Kivu pour cinq ans renouvelables, considérée comme une atteinte au principe de restauration de l’autorité de l’État et un risque de balkanisation.
- Article 11 : organisation d’élections en 2027 uniquement dans les zones dites « touchées », perçue comme une fragmentation du pays.
« Le Congo est un et indivisible », rappellent les signataires, qui rejettent toute disposition isolant une partie du territoire du reste de la nation.
La note met aussi en garde contre une complaisance internationale vis-à-vis des groupes armés. « Lorsqu’un individu commet un meurtre, il est sanctionné. Mais quand un groupe armé massacre des centaines de civils, il est invité à la table des négociations », fustige le texte.
Les acteurs rappellent les crimes documentés dans le Rapport Mapping de l’ONU (2010) et les massacres de Makobola, Kasika, Katogota ou Mwenga, encore gravés dans la mémoire collective. À l’approche du 24ᵉ anniversaire de l’assassinat de Mgr Christophe Munzihirwa, ils affirment leur refus de « trahir la mémoire des victimes » en acceptant des dispositions jugées injustes.
La Société Civile exhorte le président Félix Tshisekedi à assumer ses responsabilités en ouvrant un dialogue national inclusif, réunissant forces politiques, société civile et même groupes armés, afin d’éviter un nouvel enlisement.
« Notre mission est de contribuer, sans esprit partisan, à l’avènement de la paix et de la prospérité pour notre peuple et pour tous les peuples de la région des Grands-Lacs », concluent les doyens et la présidente du Bureau de coordination, Nene Bintu Iragi.
Dans la continuité de ce plaidoyer, Vital Barholere, l’un des doyens, a rencontré ce mardi après-midi à Bruxelles Mesdames Caroline Meulders, Pauline Honnay et Marine Lontin de DESC RDC–Afrique centrale au SPF Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au Développement de la Belgique.
« J’ai senti beaucoup de bonne volonté de leur part pour continuer à nous aider. Mais bien évidemment, pour nous en sortir, la plus grosse responsabilité nous incombe, nous Congolais. La lutte continue… », a-t-il déclaré, soulignant l’importance d’un engagement national fort pour concrétiser la paix et la stabilité dans la région.
Cette rencontre illustre la combinaison des efforts locaux et internationaux, visant à garantir que la voix de la Société Civile du Sud-Kivu soit entendue et intégrée dans les décisions qui déterminent l’avenir du pays.
Jean-Luc M.