La Convention des Fédéralistes pour la Démocratie Chrétienne (COFEDEC), Fédération du Sud Kivu, a exprimé, lors de sa réunion à l’hôtel Bugugu de Bukavu, son opposition catégorique à toute révision ou modification de la Constitution en République Démocratique du Congo, soulignant que cela serait totalement inopportun dans le contexte actuel de la province et du pays.
Présidée par Me Alain Shukuru Shamavu, Secrétaire national en charge de la Communication et Porte-parole du parti, cette rencontre a permis aux membres de la COFEDEC d’analyser la situation socio-économique, politique et sécuritaire de la province, laquelle est caractérisée par une instabilité profonde.
En effet, constate le parti membre du Front commun pour le Congo (FCC), le Sud Kivu est confronté à une grave crise sécuritaire avec plus de vingt groupes armés actifs, principalement dans la région de Minembwe et ses environs, mettant en péril la vie des citoyens et ralentissant tout développement dans cette zone.
L’économie de la province est également au bord du gouffre. Les infrastructures, déjà dégradées depuis plusieurs années, sont presque inexistantes, ce qui isole les huit territoires du Sud Kivu et empêche toute forme de développement. Le chômage atteint des niveaux critiques et la population subit l’impact d’une inflation galopante et de la dévaluation continue du dollar.
Me Alain Shukuru Shamavu a particulièrement insisté sur le déclin des conditions de vie de la population, soulignant qu’aucune politique publique effective n’est mise en place pour améliorer la situation économique.
« La population vit dans une pauvreté extrême, exacerbée par des autorités provinciales qui semblent plus préoccupées par leurs intérêts personnels que par le bien-être collectif », a-t-il déclaré.
Sur le plan social, la COFEDEC déplore l’absence de réformes fondamentales, notamment en matière de création d’emplois pour les jeunes. Les secteurs de la santé et de l’éducation, qui devraient être des priorités, sont relégués au second plan, laissant ainsi les citoyens dans une situation de précarité insoutenable.
Les membres de la COFEDEC ont également critiqué l’inefficacité du gouvernement provincial, dont les actions, selon eux, ont renforcé la crise plutôt que de contribuer à la stabilité et au développement de la région. En conséquence, la COFEDEC a décidé de ne pas participer aux élections de 2023, un choix qui reflète leur désaveu des autorités actuelles, jugées incompétentes et déconnectées des réalités de la population.
La révision ou changement de la Constitution : un non-sens
Au cœur de la déclaration de la COFEDEC, la question de la révision ou du changement de la Constitution a été fermement rejetée. Selon ce parti politique, dans un contexte où la population vit dans la misère et l’insécurité, il est inadmissible de se concentrer sur des réformes constitutionnelles.
« La priorité doit être de résoudre les urgences sur le terrain : la sécurité, l’économie, la santé, l’éducation et la création d’emplois. Le changement de la Constitution ne répond en rien aux besoins immédiats des citoyens du Sud Kivu », a affirmé Me Shamavu.
La COFEDEC réclame plutôt un changement significatif et durable des institutions politiques. Elle préconise un renouvellement des autorités, tant à Kinshasa qu’au niveau local, pour permettre à la province de sortir de cette crise profonde. Le parti politique appelle également à la mise en place de nouvelles élections en 2028, estimant que celles-ci doivent être un véritable moyen pour le peuple d’accéder au pouvoir, et non un instrument de manipulation politique.
Enfin, la COFEDEC lance un appel à l’unité de toutes les forces vives de la province pour œuvrer ensemble à un avenir meilleur pour le Sud Kivu. « Il est temps de construire un Sud Kivu en sécurité, prospère et respectueux des droits de chaque citoyen », a conclu Me Shamavu.