Les autorités islamiques du Sud-Kivu ont fermement dénoncé une récente lettre adressée au gouverneur provincial par M. Samy Takimbula, vice-président de la Société civile du Sud-Kivu, estimant qu’elle a été rédigée sans concertation et en dehors des procédures internes, au risque d’attiser les tensions déjà vives au sein de la Communauté islamique en RDC (COMICO).
Dans un communiqué de presse, elles rappellent que toute prise de position sur une affaire religieuse de cette ampleur aurait dû transiter par la Composante Confessions religieuses de la Société civile provinciale, seule compétente pour gérer ce type de dossier de manière professionnelle et sage.
La lettre contestée, signée par M. Takimbula, alerte sur un « vice de procédure » au sein de la COMICO et accuse un groupe dénommé Baraza la Wazee (Conseil des sages) de s’immiscer « illégalement » dans la gestion de cette communauté religieuse. Le document affirme que ce collectif, non membre de la Société civile ni de la COMICO, « profite de la présence de l’AFC-M23 » pour exercer une influence, allant jusqu’à « troubler l’ordre public » et tenir des « discours de haine, de stéréotypes, de tribalismes et de diffamation » contre les dirigeants légalement établis.
Le Bureau de coordination dirigé par Takimbula à l’absence de Néné Bintu qui se trouve à Uvira, y déclare craindre que cette situation ne serve de précédent dangereux pour d’autres confessions religieuses membres de la Société civile. Il appelle les autorités de l’AFC-M23 à « mettre fin aux agissements de ces personnes mal intentionnées » et à sécuriser en urgence les responsables de la COMICO.
Dans leur communiqué, les autorités islamiques provinciales rejettent catégoriquement ces accusations, estimant qu’elles ne reflètent pas la réalité et qu’elles ne font que détourner l’attention des causes profondes de la crise. Selon elles, la division au sein de la COMICO est avant tout structurelle : depuis sa création en 1972, les dirigeants religieux sont nommés par Kinshasa, et non élus par la base.
Ce système a produit une direction nationale à « trois têtes », chacun des trois représentants disposant de ses propres relais dans les provinces, ce qui alimente une « cacophonie permanente » et paralyse l’action au niveau local.
Elles rappellent que plusieurs tentatives de règlement ont échoué : Mme Ève Bazaiba, vice-Première ministre, n’a pas trouvé d’issue ; M. Augustin Mutamba, qui avait pris le dossier en main, s’en est également retiré sans résultat. Pendant ce temps, affirment-elles, des initiatives comme le Baraza la Wazee et Bukavu Muslim — une organisation de jeunes — continuent d’agir pour maintenir un minimum d’ordre et encourager le dialogue, la diversité et la pluralité au sein de la communauté.
Face à cette impasse, les autorités islamiques du Sud-Kivu réitèrent leur exigence d’organiser « des élections démocratiques et transparentes à la base » afin que les dirigeants religieux soient choisis par la population elle-même et non imposés de l’extérieur. Elles appellent également à éviter toute instrumentalisation politique ou communautaire de la crise, soulignant que l’unité et la stabilité internes sont essentielles dans un contexte déjà fragilisé par la situation sécuritaire et l’occupation de Bukavu.