Les élections présidentielles américaines de 2024 ont révélé non seulement la résilience de Donald Trump, mais aussi la défiance grandissante des électeurs envers les médias traditionnels. Si l’on attendait une victoire de Kamala Harris, la surprise de l’élection a bouleversé les pronostics. Pourtant, au-delà des résultats électoraux, c’est le rôle des médias, particulièrement américains et français, qui soulève une question fondamentale : les journalistes servent-ils encore la vérité ou sont-ils devenus les instruments d’un agenda politique ?
Les médias ont largement fait part de leurs sentiments et opinions plutôt que de se limiter à une couverture objective des faits. Dès le début de la campagne, le spectre de la « Trumpmania » a été amplifié par des qualificatifs souvent dégradants et une couverture excessivement négative.
Le terme « phobie Trump » semble désormais parfaitement justifié, tant les journalistes ont eu tendance à ne pas seulement critiquer le candidat républicain, mais à l’ostraciser. Si Trump ne s’est jamais montré avare de déclarations clivantes, cette attitude des médias occidentaux, notamment américains et français, a franchi des lignes d’impartialité.
À chaque étape de la campagne, les médias ont répété qu’une victoire de Trump serait une « catastrophe » pour l’Amérique et le monde, comme si les électeurs devaient se sentir honteux de choisir un candidat aussi controversé.
Que dire des titres qui prédisaient une victoire écrasante de Kamala Harris ou une « course trop serrée » ? À peine Trump émergeait-il comme un possible vainqueur, que de nombreux journalistes choisissaient de minimiser sa chance ou d’en faire un épouvantail, allant même jusqu’à désigner ses partisans comme les « enfants gâtés de l’Amérique ».
Mais qu’en est-il de la réalité ? Trump, à l’image de son style politique, a su se battre avec une ardeur qui n’a jamais faibli. Dans les États-clés, il a creusé l’écart, obtenant des résultats impressionnants, y compris dans des bastions démocrates comme New York, la Californie et le New Jersey.
Le « Trump bashing » : un activisme médiatique dangereux
Le cas de « Trump bashing » que nous avons observé pendant toute la campagne nous interroge.
Si une critique légitime des politiques de Trump est acceptable, ce qui a souvent été déplorable dans la couverture médiatique, c’est l’acharnement systématique, l’intention manifeste d’influencer l’opinion publique plutôt que de la simplement informer.
Des « talk shows » qui devaient théoriquement se contenter de débattre des idées se sont transformés en tribunes anti-Trump.
Pire encore, des invités soigneusement sélectionnés ne faisaient que prédire une défaite prochaine du républicain, et des articles, comme ceux du « Washington Post », mettaient en avant la « phobie Trump » à la place d’une analyse équilibrée des faits.
Les médias français n’ont pas été en reste, reproduisant souvent ce schéma de dénigrement systématique.
Au lieu d’offrir une plateforme pour un débat pluraliste, ils se sont permis d’enfermer Trump dans un rôle de paria, associé à des mots comme « fasciste » ou « diktateur ».
En traitant Trump comme une anomalie plutôt que comme une réalité politique, ces médias ont non seulement failli à leur mission d’information, mais ont également attisé une polarisation de l’opinion publique qui ne pouvait que nourrir la confrontation.
Une question de crédibilité : la défiance des électeurs
Il ne faut pas oublier que, selon une étude récente de l’institut Gallup, seulement 32% des Américains ont confiance dans les médias, un chiffre stable depuis 2016.
Cette confiance s’effondre encore davantage chez les électeurs républicains, où à peine 12% des partisans de Trump croient les médias. Ce fossé est symptomatique d’un problème plus large : la lente érosion de la crédibilité des médias traditionnels.
Si, en 1972, sept Américains sur dix faisaient confiance à la presse, la situation a bien changé en 2024. Le phénomène est particulièrement marqué dans les États où les médias locaux sont désormais soit absents, soit sous influence, ce qui prive une partie de la population d’une information factuelle et indépendante.
Les critiques à l’égard des médias ne sont pas nouvelles, mais elles semblent atteindre un point de rupture en 2024, au moment où les deux candidats étaient quasiment à égalité dans les sondages et les pronostics.
Alors que Trump a su capter l’attention de millions d’électeurs en diversifiant ses apparitions médiatiques (notamment en s’invitant dans les podcasts ou chez Joe Rogan), Kamala Harris, elle, a semblé plus discrète, parfois moins préparée à affronter la médiatisation.
L’une des raisons de cette dynamique, selon les analystes, réside dans la différence fondamentale entre les deux campagnes : Harris privilégiait une approche plus conventionnelle, tandis que Trump continuait de jouer la carte de la controverse, attisant les feux médiatiques à chaque occasion.
Le rôle des médias dans la politique de l’après-Trump
L’après-élection s’annonce tout aussi complexe. Les médias devront-ils continuer de « bashing » Trump, ou accepter de traiter de manière plus équilibrée sa réélection ?
Les signes indiquent que le rôle des médias dans le jeu politique américain a pris une tournure inhabituelle. De plus en plus, les partis politiques, en particulier le Parti républicain, se rendent compte de l’importance de l’alignement médiatique et de la manière dont cela influence les résultats électoraux.
Trump a compris cette réalité mieux que personne et l’a utilisée à son avantage, en nourrissant une sorte de « Trumpmania » où chaque déclaration et chaque geste deviennent matière à couverture.
Les médias américains sont désormais confrontés à un dilemme : continuer à défier Trump ou accepter la réalité de son influence sur la politique.
Mais plus encore, ce qui semble se jouer ici, c’est un problème plus vaste : celui de la capacité des médias à maintenir leur indépendance et leur crédibilité.
Si l’évolution des technologies et la multiplication des sources d’information a permis une pluralité de points de vue, elle a aussi exacerbé les fractures sociales et politiques. Les médias ne peuvent plus prétendre être des arbitres neutres. Ils sont désormais acteurs à part entière du jeu politique, avec une capacité à orienter l’opinion publique, et ce n’est pas sans conséquences pour la démocratie.
Les leçons de 2024 sont claires : il est grand temps que les médias retrouvent leur rôle d’information objective, au service de la vérité, et non de la manipulation politique.
Peut-être que la victoire de Trump, dans un contexte médiatique si polarisé, aura permis de réaffirmer cette nécessité. Mais une chose est sûre : tant que les journalistes continueront à s’engager dans des partis pris, leur crédibilité restera en péril. La démocratie américaine en dépend.