Le président américain Donald Trump a de nouveau suscité la controverse en évoquant la situation politique en Ukraine. Dans une interview accordée à Politico mardi 9 décembre 2025, il a remis en cause la légitimité démocratique actuelle du gouvernement de Kyïv, estimant que l’Ukraine devrait lever la suspension des élections imposée depuis le début de l’invasion russe.
Cette sortie qui fragilise politiquement Volodymyr Zelensky intervient à un moment particulièrement délicat sur le plan diplomatique, alors que l’Ukraine continue de réclamer un soutien accru face à l’offensive russe.
Fidèle à son style direct, Donald Trump a accusé les autorités ukrainiennes de se servir du conflit pour repousser indéfiniment le retour aux urnes.
« Je pense qu’il est temps d’organiser des élections. Ils s’en servent pour ne pas en avoir, mais je pense que le peuple ukrainien devrait avoir ce choix. On parle de démocratie, mais il arrive un moment où ce n’en est plus une. »
Sans la loi martiale instaurée en février 2022, les élections présidentielles ukrainiennes auraient dû se tenir en mars 2024. Cette critique s’inscrit dans une rhétorique déjà utilisée par Trump, mais aussi par une partie de ses alliés républicains, pour questionner la gouvernance de Zelensky et l’ampleur du soutien occidental.
L’ancien président américain a également reproché au chef de l’État ukrainien de ne pas avoir prêté attention à son mystérieux « plan de paix », jamais rendu public.
« Peut-être l’a-t-il lu pendant la nuit… Ce serait bien qu’il le lise. Vous savez, beaucoup de gens meurent. »
Poursuivant son analyse, Trump a estimé que la Russie disposait désormais de l’« avantage » militaire dans le conflit, principalement en raison de sa supériorité démographique et matérielle. Il a éludé la question d’une éventuelle défaite ukrainienne, renvoyant la responsabilité aux pertes territoriales antérieures :
« Ils ont perdu du territoire bien avant mon arrivée. Et ces derniers dix mois aussi. »
Il a par ailleurs critiqué la passivité de l’Europe, qu’il accuse de ne pas assumer pleinement son rôle.
« L’Europe ne fait pas du bon travail. Elle parle, mais elle n’agit pas. La guerre n’en finit plus. Cela fait quatre ans qu’elle dure. »
Lire aussi : Elections USA: Et si Donald Trump était si proche des politiciens africains?
Ces déclarations tombent au moment où les alliés européens réaffirment leur soutien sans faille à Kyïv et refusent catégoriquement toute concession territoriale à Moscou.
En s’attaquant à la suspension des élections ukrainiennes et en minimisant l’impact du soutien occidental, Donald Trump brouille un peu plus les perspectives politiques et militaires du conflit. Sa position, dénoncée par plusieurs analystes comme dangereusement ambivalente, offre également un argument supplémentaire à la propagande du Kremlin qui cherche à délégitimer le pouvoir ukrainien.
Joseph Aciza

