Après plus de cent jours à la tête du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi semble avoir pris le rôle de chef de la croisade, mais n’est-ce pas plutôt celui d’un chef de chapelle ? En lançant un appel à la mobilisation des contributions pour le développement de la province, le Gouverneur nous offre une vision peu commune de la gouvernance. Une gouvernance qui s’apparente plus à celle d’une ONG qu’à celle d’un représentant élu, censé canaliser les fonds vers les caisses du Trésor Public, tel un maître d’école armé de ses crayons et de ses bonnes intentions, mais manquant cruellement de moyens pour apporter les bonnes solutions.
Peut-on vraiment se contenter d’implorer les bonnes volontés ? Les habitants du Sud-Kivu sont-ils appelés à devenir les mécènes d’une province qui devrait, en théorie, bénéficier des ressources publiques allouées à son développement ? Ce tournant vers le bénévolat, ce désir de faire appel à la charité, n’est-il pas un aveu d’échec flagrant dans la gestion des affaires publiques ?
En énumérant les multiples défis auxquels la province est confrontée — de l’accès à l’eau potable à la réhabilitation des routes — Purusi semble oublier une chose essentielle : la gouvernance implique bien plus que de simples lamentations et un plaidoyer pour les dons. À l’évidence, le Gouverneur n’a pas l’air d’avoir pris la mer avec une barque bien accrochée. Plutôt que de ramer avec vigueur, il se retrouve à quémander des contributions, comme un artiste de rue en quête de quelques piécettes, espérant que les passants lui lancent des billets en signe de soutien.
Ne serait-il pas plus judicieux d’axer ses efforts sur une gestion rigoureuse des ressources existantes ?
Les leviers de financement ne sont-ils pas à sa disposition, mais simplement laissés en friche ? Au lieu de s’en remettre à la générosité des âmes bienveillantes, le Gouverneur pourrait s’interroger sur sa capacité à diriger et à instaurer un cadre propice au développement économique, afin d’attirer les investissements nécessaires.
Et que dire de ce comité de gestion des contributions, où le Gouverneur semble vouloir allier la société civile, le monde entrepreneurial et la sphère religieuse, comme un savant alchimiste ? Cela rappelle un peu un mélange de sorcellerie et de café de rue, où chacun verse un peu de son breuvage dans la marmite, espérant concocter une potion magique pour sauver le Sud-Kivu.
Si le Gouverneur Purusi souhaite vraiment instaurer un vent de changement, il devra d’abord apprendre à naviguer dans les eaux tumultueuses de la gouvernance.
Il est grand temps de passer de l’appel à la mobilisation à une action résolue et efficace. Les habitants du Sud-Kivu méritent bien plus qu’un appel à la charité ; ils ont besoin d’un leader capable de fédérer les énergies et d’assurer un avenir radieux pour leur province, loin des rives du bénévolat et de l’improvisation.
Le vent du changement, certes, mais à condition qu’il soit le souffle d’une gouvernance solide, et non le bruissement d’un tissu de promesses non tenues.
4 commentaires
Pingback: La Benevolencija : les voix citoyennes pour la cohésion sociale dans les Grands-Lacs ! - La Prunelle RDC
Pingback: La Société Civile du Sud-Kivu demande aux citoyens de s'approprier l'initiative de contribution pour le développement lancée par le Gouverneur Purusi - La Prunelle RDC
Pingback: Sud-Kivu: pour Benjamin Bahati Mweze, le Gouverneur Purusi "s'y prend bien" (Interview) - La Prunelle RDC
Pingback: Le Sud-Kivu mobilise ses Partenaires Techniques et Financiers pour un développement accéléré - La Prunelle RDC