Les Doyennes et Doyens de la Société Civile du Sud-Kivu sous couvert du Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu expriment leur ferme soutien au projet de partenariat stratégique en cours entre les États-Unis d’Amérique et la République Démocratique du Congo (RDC), saluant cette initiative comme une opportunité cruciale pour la pacification de l’Est du pays et la stabilité durable dans la région des Grands Lacs.
Dans une note de plaidoyer adressée à l’ambassadrice des États-Unis en RDC, Madame Lucy Tamlyn, ces doyennes et doyens de la Société Civile insistent sur la nécessité d’une implication forte de Washington pour faire aboutir ce partenariat. Elle souligne que, comme le Plan Marshall pour l’Europe, ce projet peut devenir un levier de reconstruction économique et de paix durable dans la région.
Un projet porteur d’espoir pour la région des Grands Lacs
Les signataires de la note (Vital Barholere, Ziga Bugeme, Karume Augustin Gang, Muhindo Mathilde, Mulengezi Jean-Baptiste, Philippe Ruvunangiza, Raphael Wakenge, Stella Yanda, Adrien Zawadi), avec la bénédiction de Me Néné Bintu, estiment que ce partenariat est une chance historique pour mettre fin aux conflits récurrents à l’Est du Congo et favoriser une prospérité partagée entre les peuples du Burundi, du Rwanda, de l’Ouganda et de la RDC. « Il est temps de bâtir ensemble une région prospère, respectueuse des droits humains, et offrant l’égalité des chances à tous », affirme la Société Civile.
Des obstacles à lever : mauvaise gouvernance et bellicisme
Selon ces doyens et doyennes, la réussite de ce partenariat dépendra de la capacité des États-Unis à peser pour corriger deux principaux blocages :
- La mauvaise gouvernance en RDC, marquée depuis plusieurs décennies par la corruption et le détournement des deniers publics, perpétués sous les régimes de Mobutu, Joseph Kabila et Félix Tshisekedi ;
- Le bellicisme et la réécriture de l’histoire par le régime rwandais, qui selon elle, prolonge les pratiques d’exclusion et de violence politique de ses prédécesseurs.
Elle déplore que ces deux types de gouvernance aient plongé la région dans une instabilité chronique, générant des conflits incessants et freinant le développement.
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Le rôle moteur du Congo dans le développement régional
Ces acteurs clés de la Société Civile estiment qu’un bon encadrement du partenariat avec les États-Unis pourrait transformer la RDC en catalyseur du développement pour l’ensemble de la sous-région :
- Vers l’Est : Rwanda, Burundi, Ouganda, Tanzanie
- Vers le Nord : Sud-Soudan, Centrafrique
- Vers le Sud : Zambie, Angola
- Vers l’Ouest : Congo-Brazzaville
Pour ce faire, elle plaide pour une vision à long terme, avec un horizon d’au moins 15 ans, afin d’enraciner les résultats et assurer leur durabilité.
Transparence et à inclusion de la population
Tout en saluant l’initiative présidentielle, ces acteurs de la Société Civile expriment leur inquiétude face à l’opacité qui entoure la mise en œuvre du projet, notamment dans le secteur minier. Elle avertit contre les erreurs du passé, comme le contrat minier sino-congolais de 2007, resté largement sans impact tangible pour la population.
Ils recommandent d’impliquer activement les citoyens dans l’identification des besoins, la définition des priorités et le suivi des actions.
Axes prioritaires recommandés
La Société Civile, à travers ses doyennes et doyens propose que le partenariat cible prioritairement :
- La construction et la réhabilitation d’infrastructures (routes interprovinciales, ports, aéroports, centrales hydroélectriques, usines de transformation minière et agricole) ;
- La modernisation de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage ;
- Le soutien à l’éducation, à la santé et à l’entrepreneuriat ;
- La réforme de l’État, incluant les domaines juridique, fiscal, sécuritaire et administratif.
Ils insistent : sans une « réforme copernicienne de l’État » et l’émergence d’une classe politique responsable, aucun développement durable ne sera possible.
Paix et cohésion dans la région
Concernant le Rwanda, la Société civile, à travers ses doyennes et doyens, appelle à plus de démocratisation et de respect des droits humains. Elle estime que la paix ne pourra être durable sans une gouvernance inclusive, garantissant à tous les Rwandais une participation équitable à la gestion du pays.
« La guerre ne devrait pas être la seule issue pour les générations futures. Il est temps de rompre le cercle vicieux de la pauvreté et de la violence, en misant sur l’intelligence et les compétences de nos peuples », souligne-t-elle.
Coopération régionale intégrée et porteuse d’espoir
Enfin, la note plaide pour une coopération régionale fondée sur des projets intégrateurs d’infrastructure, notamment l’interconnexion de l’Est de la RDC au Corridor de Lobito et au chemin de fer Tazara (Tanzanie-Zambie).
Elle recommande également de promouvoir la connaissance mutuelle et les échanges entre les sociétés civiles des pays concernés : opérateurs économiques, mouvements associatifs, organisations de femmes et de jeunes, universités et scientifiques.
Pour la Société Civile du Sud-Kivu à travers ses doyennes et doyens, ce partenariat ne doit pas se limiter à une simple exploitation minière. Il représente une occasion unique de bâtir une paix durable et une prospérité partagée dans la région des Grands Lacs.