Un an après le décès de son épouse Blanche, le remariage du pasteur Marcello Tunasi, leader de l’Église « La Compassion », suscite une vive polémique sur les réseaux sociaux. Face aux critiques et à l’incompréhension, le pasteur a livré une longue explication personnelle et spirituelle pour justifier sa décision de refaire sa vie avec Esther, une femme engagée dans le ministère.
« Après le décès brusque de maman Blanche, j’ai traversé l’une des saisons les plus sombres de ma vie », confesse-t-il.
Le pasteur évoque des moments où il a frôlé la dépression, l’accident vasculaire cérébral (AVC), voire la mort. Il dit avoir continué à prêcher malgré les larmes, portant seul le poids du ministère, de ses enfants, de sa maison, et de lui-même. « Il m’arrivait de sécher mes larmes avant de prêcher, dans mon bureau. »
Dans le désarroi, il confie avoir même demandé à Dieu le don du célibat, souhaitant ne plus jamais ressentir le besoin de se marier. Mais cette prière serait restée sans réponse. Le Seigneur, dit-il, lui aurait signifié à plusieurs reprises — à travers des prophètes, des songes et des convictions intérieures — qu’il devait reconstruire sa vie.
Dans son témoignage, le pasteur raconte une vision particulièrement marquante : il se voyait enfermé dans une chambre entourée de très longs serpents aux couleurs malveillantes. Ils faisaient semblant de dormir, prêts à attaquer s’il faisait un faux pas. Le seul espace sûr était un petit carré d’un mètre sur un mètre. Une servante de Dieu serait alors apparue pour ouvrir la fenêtre de l’extérieur, lui permettant de s’échapper. Pour lui, cette image est un avertissement spirituel : « Il était dangereux pour moi de rester longtemps dans le veuvage, car un plan maléfique se tramait contre ma vie, mon ministère, ma famille et mon église. »
C’est le prophète Ézéchiel Mulumba, ami d’enfance et fils du même père spirituel que lui, qui évoque un jour sa fille Esther. D’abord, Marcello Tunasi décline la proposition, affirmant n’avoir ni la force ni la tête pour cela. Ce n’est que plus tard, poussé par Dieu, qu’il recontacte Ézéchiel, lequel lui transmet le numéro d’Esther. Celle-ci ne répond pas immédiatement, mais finit par le rappeler après que son père spirituel lui transmet à son tour le numéro du pasteur.
Le premier échange porte sur la prière. Puis, petit à petit, une relation s’installe. Esther l’écoute, prie avec lui, le soutient, tout en continuant à assurer ses responsabilités au travail et à l’église. Le pasteur souligne qu’elle était photographe, camerawoman, modératrice, prédicatrice, diaconesse, et qu’elle a été consacrée pasteure.
« Même très tard dans la nuit, quand j’avais des insomnies, elle était là malgré le décalage horaire de cinq à six heures », raconte-t-il.
Une flamme sincère naît, et il affirme avoir reçu l’assurance divine qu’elle était la bonne personne. Il informe alors son pasteur, ses parents, ses pères spirituels et ses amis, afin de tout faire dans la redevabilité et la prière. Ses enfants aussi sont associés au processus et expriment le désir de rencontrer Esther, ce qui se fait à Bruxelles, « selon le timing de Dieu ».
Le mariage religieux entre Marcello Tunasi et Esther a été célébré le mercredi 23 juillet 2025 en Belgique. Pourquoi là-bas ? Selon le pasteur, organiser cette cérémonie à Kinshasa aurait été trop coûteux et compliqué. Il affirme que Dieu lui avait parlé d’une période d’un an — une durée confirmée selon lui non seulement à travers sa propre révélation, mais aussi à travers d’autres personnes, y compris certains fidèles. Il précise : « Pour vous, c’est une année, mais pour moi, c’était comme trois ans tellement l’épreuve a été terrible. »
Face aux réactions de surprise ou de déception, il présente ses excuses : « Si cela vous a offensés, je vous présente mes excuses les plus sincères. »
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Il insiste cependant sur le fait qu’Esther n’a pas été choisie pour effacer le souvenir de Blanche, mais pour « continuer l’œuvre » comme Élisée après Élie, « avec humilité et soumission à Dieu ».
Il appelle ses fidèles à prier pour sa nouvelle épouse, qui découvre pour la première fois la vie au Congo. Il raconte avec humour un moment vécu récemment : « Il fait froid et je lui ai dit : ‘Tu sens le froid quand même’. Elle a dit : ‘Mais c’est le climat’. Je lui ai dit : ‘Non, c’est le vent’. »
Enfin, il promet de continuer à clarifier certaines choses « progressivement, avec le temps de Dieu, dans l’amour, le pardon et la sagesse ». Il conclut en remerciant ses fidèles pour leur amour et leur soutien indéfectible.
Gaël Ntwali, Stagiaire UCB