La Société Civile du Sud-Kivu exige une action décisive du gouvernement congolais pour rétablir la paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo, soulignant que la responsabilité de la paix repose en premier lieu entre ses mains. C’est la position exprimée le 19 décembre 2024 dans un document de la société civile, après l’annulation de la tripartite prévue à Luanda (Angola).
Ce processus de paix, lancé en novembre 2022 sous la médiation du président angolais João Manuel Gonçalves Lourenço, mandaté par l’Union africaine pour restaurer les relations entre la RDC et le Rwanda, avait suscité de l’espoir.
Cependant, la Société civile déplore que, malgré les avancées annoncées par le gouvernement congolais, celles-ci n’aient apporté que des germes d’impasse et d’incertitude.
La résurgence du M23, soutenu par le Rwanda, a aggravé la souffrance du peuple congolais, déjà marqué par trois décennies de conflits meurtriers ayant causé plus de 12 millions de morts et déplacé plus de 7 millions de personnes.
Le document met également en évidence que les engagements pris par le Rwanda, tels que le retrait de ses troupes et la cessation des hostilités, n’ont jamais été respectés. Au contraire, le Rwanda continue sa stratégie de « Talk and Fight », profitant des discussions pour gagner du terrain militaire, laissant la population congolaise dans une situation désastreuse, tandis que la communauté internationale semble tourner le dos à la RDC.
La Société civile exprime également sa déception face à l’inaction internationale, déplorant l’absence de sanctions contre le régime rwandais malgré les crimes commis.
Elle critique l’accord entre l’Union Européenne et le Rwanda pour l’achat de minerais, et dénonce l’absence de Paul Kagame à la réunion de Luanda du 15 décembre 2024, qu’elle qualifie de manœuvre de mauvaise foi.
Face à cette situation, la société civile appelle le gouvernement congolais à changer de stratégie et à prendre des mesures concrètes. Elle considère l’absence de Kagame à Luanda comme une humiliation et une preuve de l’inefficacité du dialogue politique avec le Rwanda.
Elle exhorte le gouvernement à récupérer les zones occupées par les ennemis, à condamner fermement les bombardements contre des civils à Lubero et Masisi, et à demander au Conseil de Sécurité de l’ONU d’imposer des sanctions sévères au régime rwandais.
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Enfin, la Société civile appelle les autorités politiques à se concentrer sur la gestion de la crise sécuritaire à l’Est, plutôt que de privilégier des débats secondaires comme la révision de la Constitution.
« L’avenir et l’unité de la RDC dépendent de la manière dont cette guerre est gérée aujourd’hui », conclut-elle.
Rappelons que la rencontre entre Félix-Antoine Tshisekedi, Paul Kagame et João Lourenço a été annulée à la dernière minute, à cause de l’absence du président rwandais. La RDC a condamné fermement cette manœuvre, soulignant l’absence de réelle volonté du Rwanda à s’engager dans un processus de paix authentique.