Le Docteur Denis Mukwege, le prix Nobel de la paix 2018 s’insurge contre la signature d’un protocole d’accord entre l’Union Européenne et le Rwanda pour favoriser le développement sur la chaîne de valeur durable pour les matières premières qu’il qualifie de « minerais de conflit ou de sang ». Dans une déclaration consultée par La Prunelle RDC ce jeudi 22 février 2024, le Prix Nobel de la Paix et Prix Sakharov 2014 exprime une profonde désapprobation.
« L’exécutif européen atteint non seulement le paroxysme du cynisme en matière de géostratégie, mais s’illustre à nouveau dans une politique de double standard qui mine la crédibilité des institutions internationales », tonne Mukwege.
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Médecin et « réparateur » des dégâts causés sur les femmes par les guerres à répétition, Mukwege rappelle que le conflit qui perdure à l’Est de la RDC depuis presque 30 ans, qui est le plus meurtrier depuis la 2ème guerre mondiale, est principalement économique.
« et le lien entre l’exploitation et le commerce illégal des minerais est reconnu comme une cause profonde de la violence et de graves violations des droits humains, et l’implication du Rwanda dans la déstabilisation de la RDC, le pillage de ses ressources naturelles et minières et la commission des crimes les plus graves, notamment le recours aux violences sexuelles comme méthode de guerre et comme stratégie de terreur, est largement documenté, notamment par les Nations Unies », écrit « l’homme qui répare les femmes ».
Dans sa déclaration, Denis Mukwege rappelle à l’Union Européenne que la guerre qui tue à l’Est de la RDC est soutenue par le Rwanda à travers le groupe terroriste Du M23 au Nord-Kivu. Pour lui, cet accord est en total contradiction avec les valeurs et la mission de l’Union Européenne qui fait la promotion de la paix et droits humains.
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« Alors que la crise sécuritaire et humanitaire qui sévit dans les Kivus s’est encore sérieusement aggravée depuis la résurgence du groupe armé M23, qui opère de concert avec le soutien direct de l’armée rwandaise dans le cadre d’une énième guerre d’agression et d’occupation sur le territoire congolais, la politique de la Commission européenne et le renforcement de ce partenariat stratégique avec le régime dictatorial de Kigali apparaît en totale contradiction avec le principe de cohérence et les valeurs fondamentales de l’UE, notamment la promotion de la paix et des droits humains, qui devraient être, conformément aux Traités européens, des objectifs fondamentaux dans ses relations extérieures ».
Mukwege réitère son appel lancer lancé à Strasbourg en 2014 à l’occasion de la remise du Prix Sakharov du Parlement européen ; celui de « veiller à assurer davantage de cohérence entre les politiques économiques et le respect des droits de l’homme, et à placer la dignité humaine au centre des préoccupations économiques et financières ».
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Le Docteur Mukwege exhorte enfin les institutions et les pays européens à rendre effectif et contraignant le règlement de l’Union Européenne sur le devoir de diligence pour les chaînes d’approvisionnement des minerais, entré en vigueur en 2021 et pourtant largement détourné par des filières opaques d’approvisionnement transfrontalier entre la RDC et le Rwanda.
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Denis Mukwege pense que si cela n’est pas fait, la transition énergétique dite verte et propre restera rouge du sang des femmes et des enfants congolais et salie par les activités criminelles des groupes armés. Il appelle les Européens épris de paix de sanctionner ceux qui signent des accords qui piétinent les droits de l’homme lors des élections prochaines.
« Nous aspirons à ce que les citoyens européens épris de paix et de justice sociale entendent cet appel et changent de cap lors des prochaines élections en juin 2024 ».
Jean-luc M
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